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Critique de SophieLesBasBleus


"Ceci est ma démission. Je m'appelle Marco, j'ai trente ans et je suis un raté" (p.7)
Pourtant il a bien tout fait comme on le lui a dit, Marco : des études supérieures pour "faire un travail intéressant, culturel, épanouissant" avec une thèse sur "les animaux dans la littérature du XXe siècle" à la clé. Avec un tel bagage, les portes de l'université ne pouvait que s'ouvrir toutes grandes pour un poste de maître de conférence. Mais de désenchantements en désillusions, de missions temporaires en petits boulots mal payés, Marco fait connaissance avec la précarité et avec les lendemains qui déchantent. Progressivement il prend conscience de son inadaptation au système. Peut-être est-ce le même constat qui pousse de plus en plus de gens à protester de manière inédite en s'allongeant silencieusement dans la rue tous les jours ?
Alors que Marie veut fonder une start-up, que Jean gagne beaucoup d'argent en jouant au poker en ligne, Marco continue à chercher le travail qui lui assurera "un compte en banque, une assurance vie, un plan d'épargne logement" (p.247). En vain. Que reste-t-il à tenter lorsque l'avenir semble bloqué, sans aucune perspective ?
Emilio Sciarrino raconte d'une manière réaliste et juste la recherche d'emploi par un presque trentenaire surdiplômé. Les mésaventures de Marco ont une portée générationnelle et drainent sur leur passage de nombreuses thématiques actuelles : uberisation, déclassement, compétition intensive, consumérisme... jusqu'au milieu de l'édition qui, en quelques scènes drôlatiques, est démystifié. Mais si l'auteur prend un angle humoristique pour traiter les galères du personnage, il n'en reste pas moins que le constat est accablant pour le système qui régit notre société et que le fond du roman est bien loin de prêter à rire. En ce qui me concerne, je garde de cette lecture une impression de pessimisme amer. Je crois que je n'ai pas pu aborder ce livre comme un roman, comme une fiction. Probablement ne l'ai-je pas lu avec suffisamment de recul et de légèreté ? Et sans doute cela montre-t-il à quel point Emilio Sciarrino a su transcrire le dérisoire et le tragique de notre temps.
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