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Critique de Ahoi242


Le chevalier et la mort fait référence à une gravure de Dürer, le Chevalier, la Mort et le Diable, que l'Adjoint, atteint d'une maladie létale, conserve dans son bureau au gré de ses mutations. L'Adjoint et le Chef enquêtent sur la mort d'un avocat, Maître Sandoz, dans laquelle Cesare Aurispa, Président des I.R., est suspecté - sa carte de visite a été retrouvé dans la poche de l'avocat avec le mot « Je te tuerai ». Très vite, le Chef va laisser son Adjoint - ces deux personnages ne sont jamais appelés de leurs noms - enquêter seul alors qu'une mystérieuse association subversive, les Enfants de 89, semble impliquer dans le meurtre de l'avocat. D'autres crimes viendront.

Dans le chevalier et la mort, sous-titré sotie, et comme à son habitude, Leonardo Sciascia utilise le conte policier pour dresser la critique sociale et politique de la société italienne et en dénoncer les maux dont la mafia. Chez Sciascia, l'intrigue policière elle-même n'est pas importante. Elle constitue en effet un vecteur d'une réflexion et d'une critique politique et philosophique. Ici, Sciascia utilise en plus une forme narrative particulière, la sotie : la sotie ou sottie était une pièce politique ou d'actualité jouée au XVIème siècle à Paris.

Dans un échange avec un autre personnage, le dottor Rieti, l'Adjoint remarque qu'eux-mêmes sont dans une sotie :

« - On pourrait donc admettre qu'il existe une charte constitutionnelle occulte dont le premier article stipule que « la sécurité du pouvoir se fonde sur l'insécurité des citoyens »
- de tous les citoyens, en effet : y compris de ceux qui, répandant l'insécurité, se croient en sûreté… Et cela, c'est la stupidité dont je parlais.
- Nous nous trouvons donc à l'intérieur d'une sotie… »

Cette espèce de mise en abyme - avec la sotie dans la sotie - n'est pas la seule dans le chevalier et la mort. En effet, dans d'autres passages, le Chef se moque gentiment de son Adjoint en lui signifiant que sa « direction de recherche est bonne pour un roman policier, disons classique, de ces policiers dont les lecteurs, désormais déniaisés, arrivent à deviner la fin après avoir lu les vingt premières pages… » (p. 37), qu'il ne « peut plus le suivre dans cette espèce des roman » (p. 41) ou encore « - Je suis heureux que vous le reconnaissiez : nous ne serions que deux, en admettant que votre roman présente pour moi quelque crédibilité - Mais pour continuer dans le roman… Nous nous trouvons face à un problème, un dilemme : les Enfants de 89 ont-ils crées pour assassiner Sandoz, ou bien Sandoz a-t-il été assassiné pour créer les Enfants de 89 ? ».

Dans le chevalier et la mort, un des dernières oeuvres de Sciascia, le style est comme à l'accoutumé dépouillé, sec et clinique, ce qui donne à lire un roman - Ooops, sottise de ma part - une belle sotie empreinte de poésie et de belles références littéraires.
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