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Critique de Presence


Ce tome fait suite à "Si loin de chez nous" (épisodes 12 à 17). Il faut impérativement avoir commencé la lecture de cette série par le premier tome : "Bienvenue à la maison" (épisodes 1 à 5). le présent tome contient les épisodes 18 à 23, ainsi que la moitié du numéro special "Chew / Revival" (crossover avec la série du même nom, à commencer par "Goût décès"), initialement parus en 2014, tous écrits par Tim Seeley, dessinés et encrés par Mike Norton, et mis en couleurs par Mark Englert.

Épisodes 12 à 17 – Martha (Em) continue d'avoir des saignements inexpliqués. Elle finit par rencontrer Rhodey (un revenant également) qui a décidé de profiter des nouvelles propriétés de son corps pour réaliser des vidéos dans lesquelles il subit de violentes blessures et pour les mettre ensuite en ligne. Avec lui, elle prend conscience des bons côtés d'être une revenante.

Wayne Cypress (le shérif) continue de surveiller de très près Edmund (Ed) Holt, un vieil homme peu affable qui cache quelque chose. Une entité fantomatique a tué le chien de Lester Majak qui fait appel à Don Wapoose, un amérindien, pour trouver un moyen de se venger. Cooper Cypress continue de voir régulièrement cette même entité fantomatique. Dana Cypress (sa mère) doit accepter la proposition d'accompagner les agents Enrique Puig et Frederickson à New York pour enquêter sur une apparition de revenant dans cette ville.

- Chew / Revival (16 pages) – Tony Chew est en mission à Wasau pour étudier un cas de revenants. Il fait usage de ses capacités de cybopathe.

Le lecteur qui aurait l'idée saugrenue de commencer par ce tome n'aurait aucune chance de comprendre les enjeux du récit. Tim Seeley a progressivement intégré de nombreux personnages connectés entre eux, soit par leur histoire commune à Wasau (dans le Wisconsin), soit par leurs rencontres du fait de la quarantaine. le lecteur a le plaisir de constater qu'il les reconnaît tous aisément même si du temps s'est écoulé depuis la lecture des tomes précédents.

Chaque personnage dispose d'une forte identité graphique sans être caricaturale ; impossible de confondre Lester Bajak avec Edmund Holt (même s'ils sont dans la même tranche d'âge), ou de confondre Dana Cypress (l'officier de police) avec May Tao (la journaliste). le lecteur peut également apprécier la diversité des morphologies et des ethnies représentées, il y a même des individus de plus de 40 ans.

Il y a donc ce sentiment très agréable de retrouver des individus que l'on a déjà côtoyés, mais qui ne sont pas unidimensionnels pour autant. Au travers de leurs actions, Seeley met en scène des éléments de la vie quotidienne comme l'équilibre difficile à trouver entre vie professionnelle et vie privée (le temps que Dana Cypress consacre à son fils Cooper), l'obligation d'entretenir des rapports courtois entre parents divorcés, l'envie de s'éclater (même en étant un revenant). Seeley sait faire ressortir l'unicité de chaque interaction personnelle, et toute sa saveur. Par exemple le lecteur peut savourer la conversation toute en moqueries chaleureuses entre Lester Bajak et Don Wapoose, ce dernier évoquant tous les bobards qu'il a fait gober au premier, sur les pratiques secrètes indiennes.

Tim Seeley a l'art et la manière de de tirer le meilleur parti du riche environnement qu'il a créé. Il met en scène une trentaine de personnages différents tous nommés, tous incarnant une facette différente de Wasau, ou de l'enquête sur les revenants. Malgré tout le scénariste n'oublie pas son intrigue, même si elle progresse lentement. En fait il ne s'agit pas que d'une seule intrigue, mais de plusieurs entremêlées : le phénomène qui provoque ces résurrections, la nature des entités fantomatiques, le coupable du meurtre de Martha Cypress, les profiteurs du trafic de viande de revenants, etc.

Petit à petit, Seeley développe chacun de ces mystères, et surprend le lecteur non seulement par des révélations, mais aussi en déplaçant le lieu de l'histoire à New York le temps de quelques épisodes. de manière encore plus inattendue, il réserve sa révélation la plus importante pour l'épisode du crossover.

Comme dans les tomes précédents, le lecteur commence par éprouver un moment de petite déception devant ces visages dessinés de manière superficielle, et la quasi absence d'ombre portée dans les décors. Cela aboutit parfois à des personnages qui semblent tous avoir le même âge (Cooper et sa mère), ou à des bâtiments qui semblent factices.

À condition de supporter ces 2 caractéristiques, le lecteur peut alors apprécier les différentes qualités des images, de Mike Norton, bien habillées par les couleurs de Mark Englert. Pour commencer (à part quelques bâtiments), le dessinateur sait choisir les éléments qui donnent de la consistance à chaque endroit. Il peut s'agir de la texture de la neige, des arbres dénudés (même s'il n'est pas possible d'identifier quelle essence il s'agit), de l'aménagement intérieur d'une pièce (les posters dans la chambre de Rhodey), ou d'une toiture en terrasse à New York.

Ensuite les protagonistes dégagent tous une forte personnalité. Il peut s'agir d'un individu excentrique comme Rhodey qui apparaît déguisé en Jésus Christ sur un skateboard, avec des éléments de maquillages très bon marché, ou d'Ibrahim Ramin dont le langage corporel montre la prudence et la prévenance (en particulier vis-à-vis de Dana Cypress).

Enfin, Mike Norton n'a rien perdu de sa capacité à représenter une horreur visuelle qui ne laisse pas indifférent. Il peut s'agir d'une simple petite case dans laquelle ne sont dessinées que des lèvres entrouvertes, permettant le passage d'un morceau de viande porté à la bouche, ou d'une blessure à la gorge faite pas un sécateur (séquence immonde malgré le caractère un peu esquissé et imprécis des dessins).

Ce quatrième tome prouve, si besoin était, que Tim Seeley et Mike Norton forment un duo de créateurs complémentaires, mettant en scène une histoire de grande ampleur, en toute simplicité. le nombre de personnages important génère une richesse narrative bien exploitée, sans complexifier la lecture. L'horreur est bien présente et dérangeante, sans être le seul ou même le principal intérêt de l'intrigue. le récit développe aussi bien les différentes enquêtes que quelques facettes existentielles, de manière toujours accessible et intéressante.
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