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Critique de Myiuki


Quel bonheur de replonger en enfance pour quelques heures avec ce roman ! Je n'avais jamais lu encore la Comtesse de Ségur mais j'avais hâte de découvrir à nouveau cet univers que j'avais connu étant petite via les dessins animés. J'avais un souvenir particulier d'une Sophie friponne, agaçante, à laquelle on pardonnait tout et je dois dire que j'ai été surprise de retrouver le même personnage dans l'original. J'ai passé un agréable moment de lecture même si quelques petites choses m'ont chagrinée. Dans l'ensemble, c'est un lire à livre avec ses enfants je pense ...

Tout d'abord, j'ai aimé la présentation du livre sous forme de courts chapitres, de saynètes, qui m'ont beaucoup fait penser aux fables de la Fontaine quelque part. Un court récit durant lequel se perpétue une bêtise, la découverte puis la leçon de morale qui vient clore la petite histoire. Chaque chapitre correspond à une nouvelle lubie de Sophie et on la voit commettre bêtise sur bêtise sans jamais se faire punir. Bon alors là, j'avoue, je ne suis pas vraiment d'accord avec la méthode d'éducation de sa mère, mais comme on dit autre temps, autres moeurs. N'empêche que la petite Sophie aurait mérité quelques claques, vous n'êtes pas d'accord ? Ça m'a sidérée quand même qu'elle répète continuellement les mêmes erreurs. C'est une enfant, c'est normal, mais j'ai ressenti un petit malaise lors de ma lecture à voir que le mensonge, la torture des animaux et des poupées de cire ou encore la violence n'étaient pas punis. Ça donne une mauvaise image de la notion de justice et d'équité aux enfants qui lisent ça. En gros, ça leur faisait penser qu'on peut toujours s'en sortir malgré tout ce qu'on fait, faute avouée, faute pardonnée. Ouais, je ne suis pas partisane de ce genre de choses. La mère de Sophie pense qu'elle se punit assez elle-même car à chaque nouvelle bêtise elle perd quelque chose qui lui était précieux et s'en trouve triste, elle lui fait promettre de ne pas recommencer mais cette dernière ne tient jamais parole ... C'est un éternel recommencement qui nous rappelle bien aussi ce qu'est être un enfant.

Il n'est pas évident d'inculquer des notions de morale aux plus jeunes, ce roman s'y essaie sans vraiment y parvenir. Bien sûr, on comprend parfaitement en suivant les pérégrinations de Sophie que ce qu'elle fait est mal. On nous la présente comme une petite fille frivole, intrépide, qui n'en fait qu'à sa tête, hum, pas de quoi nous la rendre attachante. En plus, elle ment comme un arracheur de dents, ce qui n'arrange rien à l'affaire. J'ai eu du mal à m'attacher à ce personnage qui m'horripilait plus qu'autre chose et je dois dire que ce qui l'a sauvée à mes yeux c'est son repentir. Même s'il est éphémère, il paraît sincère sur le coup, du coup, il est plus facile de lui pardonner. Ce que je n'ai pas apprécié par contre, c'est qu'il ne venait pas toujours de façon spontanée ... L'image de Sophie reste mitigée dans mon esprit, certes c'est une enfant, ce qui explique beaucoup de ses actions et qui tend le lecteur vers la miséricorde à son égard, mais d'un autre côté, elle est égoïste, méchante, barbare même ... Je ne sais pas si cette insouciance qui est la sienne et qui l'amène à causer tant de dégâts est vraiment un modèle à mettre en avant dans un roman. Mais j'y ai réfléchi, beaucoup, j'en ai parlé avec mes parents qui m'ont gentiment rappelé que, moi aussi, j'avais su être une petite peste en mon temps, du coup, je me suis dit qu'après tout, Sophie était un personnage très réaliste. Elle ne se rend pas vraiment compte que ce qu'elle fait est mal avant qu'il ne soit trop tard ... La leçon à en tirer ? Je vous laisse y réfléchir !

Le personnage que je préfère dans ce roman, même s'il m'exaspère lui aussi par moments mais pour d'autres raisons, c'est Paul, le cousin de Sophie. Ah, déjà quand je regardais le dessin animé à l'époque, j'adorais Paul ! le gentil cousin qui remettait Sophie à sa place quand elle n'était pas gentille, le seul qui ose lui tenir tête quand ses parents lâchaient l'affaire. Je l'ai retrouvé ici dans toute sa splendeur, j'étais ravie. le personnage de Paul représente l'obéissance, la maturité et la sagesse (il a deux ans de plus que Sophie), mais en même temps, il garde son côté enfantin (il accompagne toujours Sophie dans ses péripéties). J'aime beaucoup ce petit garçon qui veut toujours essayer de faire plaisir à sa cousine, qui fait tout - jusqu'à se blesser lui-même - pour éviter qu'elle ne soit punie, qui la console quand elle est triste, c'est un vrai petit prince. D'ailleurs, il n'hésite pas à un moment donné dans le livre à affronter des loups pour la protéger, c'est-y pas mignon ça ? En même temps, il n'hésite pas à la remettre à sa place quand elle l'agace, ça, c'est bien ! Il est parfait ce petit ... mais justement peut-être ça aussi qui me dérange. le contraste entre Paul et Sophie est trop évident, trop marqué, elle est la mauvaise petite fille, il est le gentil petit garçon. Heureusement, par moments, on voit bien qu'ils tendent tous les deux à se retrouver à mi-chemin, ça rassure un peu. Ils se complètent en tout cas très bien ces deux-là, j'ai souvent eu l'impression que Paul tempérait un petit peu Sophie, qu'il redorait son image aux yeux du lecteur, il nous rappelle qu'elle peut-être gentille elle aussi, qu'il ne faut pas trop longtemps lui en vouloir et qu'elle est digne d'affection. Sans Paul, Sophie serait juste détestable à mon avis, c'est parce qu'il est auprès d'elle qu'elle devient supportable. Enfin, c'est mon avis ...

Pour ce qui est du roman en lui-même, j'ai bien apprécié l'enchaînement des petites histoires qui se fait d'ailleurs dans un ordre chronologique. On peut les lire une par une ou toutes à la suite, rien n'est imposé. le schéma comme je le disais plus haut est toujours le même mais le lecteur se demande à chaque fois quelle nouvelle lubie Sophie va bien pouvoir inventer. On sait à l'avance qu'on va être choqué, horrifié, qu'on va avoir peur ou qu'on va bien rire. Mais une chose est sûre, Sophie ne laisse jamais son lecteur indifférent. On se prend facilement au jeu de ses bêtises, on les observe en se disant souvent "c'est pas possible", "elle n'osera pas", et puis, même si on sait que ça va mal se finir, il nous reste toujours la surprise de la chute. le lecteur se laisse facilement entraîné dans cet univers nostalgique pour l'adulte qui sommeille en lui et qui lui rappelle ses propres facéties enfantines. Dans l'ensemble, j'ai trouvé tout ça très réaliste, bien écrit, je ne me suis pas ennuyée lors de ma lecture car j'avais toujours hâte de découvrir ce que Sophie nous réservait dans le chapitre d'après. Maintenant, je n'ai pas trouvé ça exceptionnel non plus et les mauvais traitements infligés aux animaux m'ont affligé. On a le sentiment que, les sentiments justement, sont parfois occultés quand ils ne proviennent pas de Sophie. C'est quand même très auto-centré, vous me direz c'est normal, c'est elle l'héroïne du roman, mais j'ai trouvé que du coup, on oubliait un peu de développer d'autres points qui auraient pu être intéressant. Comme par exemple que le fait de torturer un animal et une poupée en cire ne devrait pas susciter la même réaction. Mais bon là, c'est l'amoureuse des animaux qui parle alors, je ne suis pas objective du tout ^^

Pour conclure, je dirais que j'ai apprécié ma lecture, c'était rafraîchissant de me replonger quelques instants dans l'enfance chaotique de cette chère Sophie que j'ai eu plaisir à re-découvrir. Je suis toujours autant "amoureuse" de Paul que quand j'étais petite et j'ai toujours autant envie de baffer Sophie, les années passent mais rien ne change. Une chose est sûre, si vous ne l'avez jamais lu, je vous conseille de le faire, il vous agacera, il vous énervera, il vous fera rire, mais, une chose est sûre, ce roman ne vous laissera pas de marbre.
Lien : http://coeurdelibraire.over-..
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