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Critique de Patrijob


Seize ans après sa libération du camp de concentration de Büchenwald, Jorge Semprun revient sur cette période noire de sa vie.
Pour nous en parler, il choisit de relater le voyage en train qui l'a mené là-bas en compagnie d'autres détenus.
Point de départ d'un aller sans retour certain, ce convoi charrie des corps immobiles, entassés les uns sur les autres, à travers des paysages magnifiques.
Destination inconnue pour tous ces hommes qui tentent de décompter les nuits et les jours dans l'obscurité et la promiscuité d'un wagon bondé.
De temps en temps, la peur les saisit et les fait hurler, s'agiter, tomber...mourir.

Chez le narrateur, ce qui domine est la violente prise de conscience du contraste entre le "dedans" et le "dehors".
Tout au long de sa détention, il sera marqué par le fossé qui le sépare des vivants du dehors, ceux qui vivent librement à quelques mètres de lui si peu vivant au dedans.
À tel point qu'une fois libéré, le besoin irrépressible d'une incursion au village le plus proche s'impose à lui.
Poser sur le camp le regard qu'ont posé les villageois pendant deux ans, témoins silencieux d'un spectacle quotidien dont ils ignoraient la part la plus noire...mais pouvaient-ils ignorer, lorsqu'ils voyaient les flammes surgir des cheminées du crématoire ?....

Les témoignages sur les camps de concentration et la déportation ne manquent pas dans la littérature et ce sont toujours des lectures intenses en émotion.
Celui de Jorge Semprun ne fait pas exception mais son style ainsi que la chronologie qu'il choisit pour raconter, lui donne une portée toute particulière.
Il se poste en observateur de ses compagnons d'infortune, des soldats S.S. et de la population allemande, nous dressant presqu'un portrait psychologique de cette terrible époque.
Il rend son importance à la personne humaine dans sa globalité et dans sa singularité et s'attache peu aux faits.
Un récit fort, un ton grave pour un sujet encore tellement sensible.
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