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Critique de Apikrus


En 1936, des militaires nationalistes menés par le général Franco (1892-1975) prenaient les armes contre le gouvernement républicain du Front Populaire issu des urnes. Près de 3 ans et environ 400 000 morts plus tard (estimation très discutée), le camp nationaliste avait conquis le pouvoir, aidé par les fascistes allemands et italiens.
L'absence d'engagement armé des forces militaires espagnoles pendant la seconde guerre mondiale permit au « Caudillo » et à son régime de rester en place après la défaite des puissances de l'Axe en 1945. Il ne put toutefois pas éviter au pays un fort isolement diplomatique et économique. Franco ne put conclure un traité un traité de stationnement de troupes avec les Etats-Unis qu'en 1953, adhérer à l'ONU en 1955, et l'ouverture économique du pays ne se concrétisa qu'à partir des années 1960.
Franco gouverna l'Espagne jusqu'à fin 1974, s'appuyant sur une répression féroce de ses ennemis : ceux qui contestaient sa vision étroite et hiérarchisée de la société (patriarchale, catholique,…), et ceux soupçonnés de sympathies pour les républicains, ainsi que leur descendance…
Dans ce contexte, pendant quatre décennies les autorités politiques et religieuses du pays organisèrent un système d'adoption payante d'enfants volés à leur famille, souvent à leur naissance en indiquant à tort aux parents que leur nouveau-né était décédé.

Dans ce roman historique, l'écrivaine américaine met en scène Daniel Matheson, un jeune texan qui accompagne ses parents lors d'un voyage à Madrid en 1957. Son riche père est venu là pour affaires. Il souhaite que son fils reprenne la gestion de sa lucrative compagnie pétrolière, tandis que le jeune homme rêve de percer dans le milieu du photo-journalisme. Pour Daniel, ce séjour en Espagne sera l'occasion de gagner un prix de photographie qui permettrait de financer lui-même ses études de journalisme, son père refusant de l'aider dans cette voie. C'est compter sans la censure qui interdit toute image risquant de porter atteinte à l'image du pouvoir : dévoiler la pauvreté d'une partie de la population est interdit, de même que montrer la féroce Guardia Civil. Et la rencontre du jeune homme avec la belle Ana, jeune employée de l'hôtel de luxe dans lequel il séjourne en famille lui réserve bien des surprises !

Le retour de la démocratie en Espagne s'est accompagné d'une amnistie de crimes commis pendant la guerre civile puis pendant la dictature. L'histoire des bébés volés en Espagne a été dévoilée tardivement, souvent après la disparition de protagonistes (membres complices des corps médicaux et cléricaux, parents lésés, parents adoptifs), et certaines personnes à la quête de leur origine ont pu bénéficier des progrès de l'analyse génétique. Ruta Sepetys réfléchit avec pertinence sur les problématiques de secrets soulevés par cette Histoire de l'Espagne. Elle questionne aussi habilement l'attitude des démocraties occidentales vis-à-vis de ce pays à l'époque du franquisme. le suspens est présent. Seule la seconde partie de ce roman (les 90 dernières pages sur 610) m'ont paru légèrement en deçà du reste, par excès de grandiloquence sentimentale.
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