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Critique de Ziliz


Une enfant perçue par sa mère dès la grossesse comme « une excroissance de quelque chose qui lui était insupportable », prénommée Diana « comme une princesse brûlée vive », abandonnée à la naissance (accouchement sous X) mais annoncée comme mort-née à la famille, et finalement reprise par le couple parental à un mois.
Très tôt la grand-mère et la tante de l'enfant sentent que quelque chose cloche chez/avec cette petite - est-elle handicapée ? maltraitée ? Mais la mère de Diana se rebiffe quand elles essaient d'intervenir, et assure que tout va bien « Hein, ma chérie ? » - « Oui, maman », répond la petite Diana en embrassant sa mère. Bon, parfois elle reçoit des brimades en public quand elle fait des bêtises, les parents se justifient : « Faut bien qu'elle comprenne ! »

La maltraitance a continué, car il s'agissait bien de cela et non de réprimandes 'éducatives', et on pourrait croire que les affreux parents ont vite été confondus, une fois que l'enfant a été scolarisée. Pas si simple, malgré toutes les preuves consignées par l'institutrice, et la coopération de la directrice. La médecin scolaire freinait (par lâcheté ? par peur ? par prudence ?), les parents déménageaient quand ça sentait le roussi...

J'ai longtemps repoussé la lecture de ce roman parce que le thème m'effrayait.
Mais Alexandre Seurat s'empare admirablement de ce sujet brûlant et dérangeant, sans esprit racoleur. Il donne la parole en alternance à quelques proches, témoins du drame vécu par Diana, impuissants malgré leur volonté farouche (pour la plupart) d'y mettre un terme.
Tout au long de la lecture, on s'indigne du comportement de ces parents tortionnaires, doués pour faire bonne figure et manipuler leurs enfants qui apprennent impeccablement leur leçon : Diana est tombée, Diana s'est brûlée, elle est maladroite, Diana, terriblement maladroite.
On se demande pourquoi. Pourquoi elle et seulement elle au sein de cette fratrie de quatre enfants ?
On se révolte contre l'impressionnante inertie administrative. On comprend mieux comment tant d'enfants et de femmes meurent encore de maltraitance répétée, s'il est si difficile pour l'entourage d'intervenir - mais entre non-assistance à personne en danger et ingérence, où se situe la limite ?

Excellent et terrible récit qu'on lit la gorge nouée, la mâchoire et les poings serrés de rage. Coup de grâce avec l'épilogue, triste à hurler...
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