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Critique de caro64


Dans ce court roman, Florence Seyvos nous raconte deux histoires en parallèle: celle de Henri, demi- frère de la narratrice, au corps et à l'intelligence atrophiés, et celle de Buster Keaton, une des plus grandes "stars" du cinéma muet dont le père, dès l'âge de 5 ans, en avait fait l'élément fort de ses spectacles : une poignée attachée dans le dos, Buster était projeté à travers les salles avec une rare violence. Peu de points communs entre ces deux destins, si ce n'est cette façon d'être en déséquilibre, de chuter sans cesse. le père d'Henri impose à son fils les rééducations les plus pénibles afin d'en faire un enfant "comme les autres" - ce qu'il ne sera jamais -, tandis que le père de Buster Keaton s'est évertué à le rendre différent, à l'abîmer dans son corps et son âme.

Jamais Florence Seyvos n'explique cet étrange parallèle. A aucun moment, elle n'explicite en quoi ces deux destins se répondent. Et pourtant... Si dans un premier temps, on est abasourdi par cette jeunesse de Keaton, on est très vite happé par les expériences et la personnalité d'Henri. Aucune des deux histoires ne prend le pas sur l'autre. Toutes deux révèlent courage, souffrance et marginalité face aux regards des autres et aux destins qui leur sont imposés. Tous deux sont à l'écart de la "normalité". L'équilibre entre ces deux récits est parfait. Jamais nous ne nous lassons de l'un au profit de l'autre. Chacun s'alimente sans que nous puissions réellement expliciter le pourquoi. La lecture de ce beau texte plein de délicatesse et de pudeur se révèle poignante. Florence Seyvos rend un bel hommage à ces deux petits stoïciens qui résistent à la violence du monde. Un livre étrange, séduisant.
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