AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Biblioroz


Maigret en vacances, c'est comme Les vacances d'Hercule Poirot : un oxymore, une utopie ! Ces deux-là attirent le crime comme la confiture attire les abeilles.
Bon, ceci dit, le couple Maigret s'offre tout de même des vacances aux Sables d'Olonne.

Dans cette jolie ville de Vendée, Maigret devient monsieur 6 dans les locaux de la clinique où officient des religieuses du couvent qui la jouxte. le commissaire est monsieur 6 en référence au numéro du lit de son épouse, opérée tout récemment de l'appendicite et à laquelle il rend visite chaque jour à 15h00 précises. Ici, il se sent comme un éléphant dans un magasin de porcelaine et avance sur la pointe des pieds, précautionneusement, pour ne pas perturber de son pas lourd le silence monacal qui règne dans ce lieu aseptisé. Il est déstabilisé par les voix feutrées des bonnes soeurs, leurs sourires discrets, en complète opposition avec son milieu habituel, bruyant, sale et enfumé.
Ses vacances se résument à tuer le temps entre le coup de fil de 11h00 passé à la clinique et la visite d'une petite demi-heure à Mme Maigret chaque après-midi. Les Sables d'Olonne n'étant pas une ville d'eaux, celui-ci n'a d'autre choix que de se désaltérer de multiples petits blancs, sirotés à longueur de journée, dont le premier, celui du patron de l'hôtel, suit d'à peine une heure son café du matin. Puis un autre prend le relais dans un petit bistrot, un suivant pour accompagner la lecture du journal, face à la mer… L'après-midi, il prend ses quartiers à la Brasserie du Remblai où joue au bridge une brochette d'habitués, quelques notables dont le commissaire local et le docteur Bellamy.
Mais voilà que cette routine bascule lorsqu'il trouve, en sortant du couvent, un billet dans sa poche et que, le lendemain, sa femme lui chuchote « Nous avons eu une morte, cette nuit… » le décès d'une patiente qui n'est autre que la belle soeur du médecin dont il suit les parties de cartes. le commissaire local lui raconte que celle-ci a eu un accident qui sonne faux aux oreilles de Maigret. Même s'il est en vacances et qu'il se rafraîchit par un défilé de petits verres de blanc il reste un limier.
L'occasion d'échanger avec le commissaire des Sables est trop belle et le voilà bien plus à l‘aise dans ce « faux » commissariat, puisque ses bureaux sont installés dans une ancienne maison particulière. Maigret s'y sent tout de suite « en famille » pourrait-on dire.
Il restera toutefois un intrus, un électron libre, qui mènera son enquête officieuse loin des sentiers battus par la Police locale.

Simenon nous fera partager à son habitude les multiples atmosphères de cette ville côtière en pleine saison touristique ; le soleil qui frappe la plage emplie de maillots multicolores et insouciants, l'ambiance tamisée et silencieuse de la clinique, la richesse de la maison opulente du docteur qui fait face à la mer et les petites rues des gens modestes, voire pauvres, qui occupent les emplois subalternes.
Les rôles seront inversés lorsque le médecin l'invitera chez lui, le questionnera, lançant une sorte de jeu nauséabond entre eux. Il sera énervé par la chape de plomb qui pèse sur le couvent, les règles qui musèlent les soeurs mais il ne s'agit pas d'élever la voix pour signifier son mécontentement comme dans les bureaux de la PJ !
Il aura l'impression de patiner mais sera gagné par sa fièvre d'enquêteur, il fouillera les ruelles, arpentera le quartier, questionnera les commerçants, en oubliera même son coup de fil à la chère malade.

De coups de blanc sec en bouffées de pipe courtes ou nerveuses, nous sommes à nouveau emportés dans une autre époque. Pas besoin de Vendée Globe pour mettre en ébullition les Sables !
Nous sortirons nous-mêmes rincés de cette enquête, déshydratés par le vin blanc.
Vite ! Un grand verre d'eau fraîche et une autre enquête…
Commenter  J’apprécie          255



Ont apprécié cette critique (25)voir plus




{* *}