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Critique de tiptop92


Georges Simenon - Les Fiançailles de M. Hire -1933 : Monsieur Hire c'est le juif, l'étranger, le migrant honnis qui vient dans notre pays pour dévoyer les jeunes femmes françaises. Monsieur Hire c'est aussi toute la médiocrité d'une beauferie qui dévore l'hexagone comme un cancer depuis de bien trop longues années et qui pratique sans complexe le délit de sale gueule et la chasse aux sorcières. Cette chasse en meute retombe toujours sur les mêmes, les pas tout a fait claires comme on peut entendre à droite et à gauche pour justifier cette violence primaire. C'est vrai, monsieur Hire observe sa voisine d'en face quand elle se déshabille, il la suit aussi dans la rue, rentre dans les bars ou elle s'arrête mais ce qui le guide ce n'est pas le besoin perverse de la voir mais l'amour timide d'un homme disgracieux pour une femme beaucoup trop belle. Quoiqu'il fasse de toute façon il paraît louche avec sa gueule de métèque, son embonpoint adipeux et ses succès aux bowling qui insultent tous ceux qui se croient supérieurs à lui. L'homme c'est vrai n'est pas tout blanc non plus, il gagne même sa vie en commettant des petites escroqueries mais rien ne peut justifier les soupçons et les accusations proférées contre lui quand une prostituée est découverte égorgée dans un terrain vague du quartier. Vous comprenez bonnes gens, un homme qui offre des bonbons aux petites filles de son escalier ne peut être qu'un dangereux violeur et un criminel. Monsieur Hire est surtout un homme naïf que la belle Alice soutenu par son demi-sel de fiancé séduit en espérant tirer quelques sous de la situation. La rumeur elle de son côté continue à gonfler au point que la population excitée par le sang et la bêtise se livre au véritable lynchage en règle de son bouc émissaire. Simenon dans ce livre décrivait parfaitement le paysage délétère qui se dessinait dans les années 30 à la suite de la montée en puissance des nazis et des intolérances de toute sorte. Ce qu'on pressentait là c'était la nuit de cristal, les pogroms dans les villes bientôt transformées en ghetto, les dénonciations, une police au service des dictateurs, un cataclysme final que le grand écrivain et sa perception pessimiste de la société anticipait dans son roman comme le hors-d'oeuvre du pire. "Les fiançailles de monsieur Hire" dérangeait le lecteur qui s'enfonçait au fur et a mesure de sa lecture dans le monde nauséeux et profondément immoral d'un populisme de masse qui condamnait sans aucun autre procès un innocent pour son image... un insondable malaise
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