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Critique de Ikebukuro


De Simenon, je ne connaissais pas grand chose en dehors des intrigues du Commissaire Maigret mais j'étais curieuse de découvrir l'écrivain à travers autre chose qu'une enquête même si le propos du livre reste proche d'une intrigue policière. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre et j'ai été plutôt surprise par l'atmosphère noire et prenante du récit. C'est un roman assez court mais qui sait maintenir le doute et garder le lecteur en haleine jusqu'à la fin. Au début j'étais un peu dubitative par rapport à l'histoire, est-ce que le quotidien des commerçants du quartier allait me passionner et me donner envie de poursuivre ma lecture ? J'avais surtout peur que l'histoire se mette en place trop lentement et finisse par s'étioler petit à petit. Et bien pas du tout ! Bien sûr on est dans un univers d'une banalité rassurante, une ambiance de quartier parisien avec ses concierges, ses employés modestes, le troquet du coin, rien de vraiment folichon… et pourtant le contraste avec l'intrigue qui se développe entre les personnages est particulièrement intéressant. D'un côté, un couple qui vit côte à côte sans se parler vraiment, qui se cotoie par habitude et qui s'enferme dans les gestes du quotidien et d'un autre côté la psychologie d'Etienne et de Louise et leurs motivations pour faire les choix qu'ils font. J'ai beaucoup aimé le dialogue silencieux entre les personnages et le sens du détail de l'auteur. Ce sont d'ailleurs ces petits détails qui donnent toute la force au roman. Simenon excelle dans l'art de dépeindre la noirceur du coeur à travers la banalité des choses et des êtres et l'ambiance devient de plus en plus pesante au fur et à mesure que l'on avance dans le récit. J'ai fini par me prendre au jeu, je doutais constamment de l'un ou de l'autre, sans savoir où Simenon voulait attirer son lecteur. Je doutais d'Etienne, puis de Louise tour à tour : l'un était-il hypocondriaque, l'autre une veuve noire machiavélique ? Chaque indice qui me semblait faire pencher la balance d'un côté devenait un simple détail à la page suivante… et jusqu'au bout j'ai douté.

Le style de Simenon est concis, simple mais pas simpliste, l'intrigue est plutôt banale mais ce sont les personnages qui lui donnent toute son ampleur et sa force. Etienne et Louise sont attachants à travers leurs faiblesses et on n'arrive pas vraiment à prendre parti pour l'un ou pour l'autre puisque l'on doute jusqu'au bout des soupçons d'Etienne ou de la malveillance de Louise. Chaque mot est à sa place et chaque détail sonne juste. L'atmosphère du quartier, l'ambiance des rues et les descriptions des personnages sont particulièrement bien rendues. J'ai beaucoup aimé cette lecture et la façon dont Simenon a travaillé la psychologie de ses personnages.

Je remercie Babelio et les Editions Omnibus pour ce partenariat numérique. "L'escalier de fer" fait partie des "romans durs" de Georges Simenon, où l'auteur dépeint l'homme "nu" dans toute sa faiblesse.
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