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Critique de Presence


Ce tome comprend les épisodes 1 à 6 de la série lancée en 2011, dans le cadre de la remise à zéro de l'univers partagé DC, opération baptisée The new 52. Mais le cas de ce personnage est un peu particulier puisque le redémarrage n'a pas totalement effacé sa continuité précédente, en particulier les événements de The killing joke restent valides. le scénario est de Gail Simone, les illustrations d'Ardian Syaf, aidé par Vincente Cifuentes qui assure également l'encrage.

Épisodes 1 à 4 - Un supercriminel tout de noir vêtu avec une grande cape (et se faisant appeler Mirror) élimine des individus dont il a écrit le nom sur une liste. Ses victimes ont la particularité d'être les seuls survivants d'accidents ou de massacre. Batgirl (Barbara Gordon) fait irruption (par la fenêtre bien sûr) dans un appartement où un tueur en série et ses 2 acolytes s'apprêtent à torturer et tuer un couple. Après ce sauvetage, elle annonce à James Gordon (le commissaire principal de police de Gotham) qu'elle déménage pour reprendre son autonomie. Elle partage un appartement en rez-de-chaussée avec Alysia Yeoh qui est serveuse dans un bar, et artiste à ses heures perdues. Son excursion suivante en tant que Batgirl la met face à Mirror (Jonathan Mills) et elle est incapable de sauver Douglas Paulson, un policier, partenaire de Melody McKenna. Épisodes 5 & 6 - Cette fois-ci, Batgirl essaye de mettre fin à la carrière criminelle de Gretel (Lisly Bonner) qui manipule l'esprit d'individus pour qu'ils s'entretuent. Ses premières cibles étaient des membres du crime organisé, la suivante s'appelle Bruce Wayne.

Ce n'est pas la première fois que Gail Simone écrit les aventures de Barbara Gordon ; elle l'avait déjà fait dans la série Birds of Prey quand l'héroïne était en fauteuil roulant et utilisait l'identité d'Oracle. Sur ce point, ce tome contient en passant et de manière rapide (pour ne pas dire expéditive) l'explication de la guérison de cette paralysie. le peu de place consacré à cet élément de continuité est cohérent avec la volonté de disposer d'un récit accessible par les nouveaux lecteurs. La question de l'âge de Barbara Gordon dans cette histoire est également un peu épineuse. Il est évident qu'elle a pris le nom de Batgirl parce que celui de Batwoman est déjà pris par Katy Kane, et parce qu'elle l'a déjà utilisé auparavant. Mais il apparaît qu'elle est adulte, sortie de l'adolescence. Enfin la question de son lien de parenté exacte avec James Gordon semble être celui de père-fille (et non plus celui d'oncle-nièce et père adoptif), mais avec quelques incertitudes.

Une fois dépassées ces questions oiseuses de continuité mouvante, le lecteur découvre des histoires assez simples, avec des criminels masqués peu originaux (Mirror, Gretel), et une héroïne enjouée et agréable, avec une place très spécifique à Gotham. Gail Simone fait le nécessaire pour marquer l'identité de Batgirl et ses spécificités par rapport à Nightwing (une scène dans l'épisode 3) et par rapport à Batman (une scène dans l'épisode 6). Elle met en place de nouveaux personnages secondaires tels qu'Alysia Yeoh et Melody McKenna. Elle ramène une personne de son passé qui promet des relations savoureuses dans les prochains tomes. Enfin, elle établit un point de contact avec The court of Owls lorsque Bruce Wayne organise une conférence de presse pour annoncer ses projets de requalification d'espace urbain.

Et fort heureusement, elle insère dans le récit des thèmes qui transforme une gentille histoire de gentille superhéroïne, en quelque chose de plus consistant. le handicap de Barbara Gordon et sa période de 3 ans en fauteuil roulant ne sont pas de simples détails glissés sous le tapis dès qu'elle a retrouvé l'usage de ses gambettes. Au travers des criminels et des situations de danger, Simone développe sans avoir l'air d'y toucher plusieurs thématiques qui se répondent sur la culpabilité du survivant, la victimisation, et les troubles générés par les stress post-traumatiques. Ces thèmes restent à la surface, mais leur entrecroisement donne une épaisseur significative à Barbara Gordon. Elle parvient même à créer une correspondance entre l'histoire du personnage et les criminels qu'elle combat, pour faire apparaître ses motivations à revêtir un habit de superhéros. En particulier contre le tueur en série sadique, Batgirl refuse la victimisation des innocents, de la même manière qu'elle n'a jamais voulu être réduite à l'état de victime du Joker.

Au fur et à mesure des planches, il devient évident que les éditeurs ont demandé à Ardian Syaf de coller au style de Jim Lee et Tony S. Daniel. Évidemment, c'est un but impossible à atteindre, mais le résultat est plaisant. Sa mise en page est dynamique, les décors sont présents avec une régularité satisfaisante, l'encrage est fin et précis. Bien sûr les dessins n'ont pas l'efficacité de ceux de Jim Lee, ou leur énergie. Malgré tout, Syaf délivre un boulot honnête : découpage simple, lisibilité immédiate, personnages tous dotés d'une identité visuelle importante, décors assez réalistes. Les expressions des visages ne sont pas toujours justes, et les poses des superhéros sont parfois stéréotypées. Mais Batgirl est vive et rapide, et surtout il n'exagère pas ses courbes (elle a une taille de poitrine normale !), il n'y a pas de gros plans racoleurs sur son postérieur. Rien que pour ça, Ardian Syaf a fait du bon travail, respectueux du personnage et de ce que Gail Simone souhaite qu'elle représente.

C'est avec plaisir que le lecteur retrouve Gail Simone au meilleur de sa forme, comme lorsqu'elle écrivait Wonder Woman et Secret Six. Elle réussit à donner une personnalité entière à Barbara Gordon par le biais de petites touches discrètes.
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