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Critique de 5Arabella


Le titre du l'ouvrage met bien en évidence la dualité qui est au coeur du roman. le narrateur est un écrivain tchèque, que la situation politique dans son pays d'origine a obligé à émigrer avec son épouse au Canada. Il enseigne dans une université de seconde zone le roman policier, genre dans lequel il écrit également. Nous le suivons donc dans sa vie de professeur, qu'il ne prend qu'à moitié au sérieux, préférant regarder les jolies étudiantes plutôt qu'à bûcher ses cours et à essayer de faire carrière. Dans cette vie canadienne, un meurtre intervient sur le campus : la victime est un professeur de mathématiques, peu apprécié en général, et de notre narrateur en particulier. Mais il a été aux premières loges, et a vu un certain nombre de choses, et ne peut s'empêcher d'en tirer des conclusions. D'autant plus, qu'une de ses étudiantes, par ailleurs dans la police, participe à l'enquête de manière officielle, et qu'elle vient lui en parler. Nous suivons donc le déroulé des événements et la progression de l'enquête, même si le narrateur ne semble prendre tout cela qu'à moitié au sérieux.

Il prend en revanche bien plus au sérieux la situation de sa femme. Cette dernière, éditrice connue de livres tchèques au Canada pendant la période communiste où la censure empêchait la parution d'ouvrages qui n'était pas dans la ligne, honorée et décorée après la chute du communisme, voit son nom apparaître sur une liste surgie on ne sait d'où de collaborateurs occultes des services secrets. Rien n'y fait : il lui est impossible de démontrer sa bonne foi, elle est régulièrement victime d'attaques dans les médias, et elle sombre petit à petit dans la dépression et l'alcoolisme. Son mari ne sait comment l'aider.

Le livre oscille entre un aspect ludique, celui de l'enquête policière, et une forme de tragique, lorsqu'il s'agit d'évoquer la situation de Sidonia, la femme du narrateur. La situation inextricable dans laquelle elle se débat, les retours en arrière sur la vie en Tchécoslovaquie de l'époque communiste, forment un contre-point dramatique au jeu de chercher le coupable et aux petites intrigues du campus. le narrateur est déchiré entre les deux tonalités.

La thématique et l'approche pour la traiter sont intéressantes, mais j'avoue une forme de frustration suite à cette lecture. La dualité affichée est peut-être un peu trop évidente, trop systématique. Et je n'ai pas retrouvé l'écriture qui m'avait tant séduite dans d'autres livres de Josef Škvorecký, mélange d'humour et de réalisme ; je ne sais pas si la faute en revient à l'auteur, ou à la traduction. Ce n'est sans doute pas le meilleur livre de Josef Škvorecký, même si cela reste toujours intéressant.
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