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Critique de Myriam3


Non, je ne voulais pas le lire. Hors de question. J'ai deux enfants alors ça suffit, trop dur, trop macabre. J'ai eu deux nounous aussi, non, trois, en tant que maman, je veux dire. Des nounous avec lesquelles au début tout était super, et puis au fil du temps, des petits reproches, d'un côté ou de l'autre, des jugements... et de petites paranos, bien sûr, qui n'en aurait pas quand il s'agit de laisser ses enfants à un ou une inconnue.

Une autre raison pour ne pas le lire: trop de succès, moi ça me fait peur. En général, c'est des romans auxquels je n'adhère pas et ça me frustre, me mets hors circuit.
Enfin: les prix Goncourt ça a rarement fonctionné avec moi. J'en garde un souvenir cuisant avec trois Femmes Puissantes, mais ce n'est qu'un exemple.

Mais le livre était là, posé près de moi, pas très gros, abordable, et puis oui je suis curieuse, alors après avoir longuement tergiversé, je me lance... et je le dévore, finalement, en un tout petit weekend.
Finalement, le plus dur est au début, le plus déprimant à la suite. Tout le monde connaît l'histoire. Mais je ne savais rien du profil de la coupable, je l'imaginais étudiante, mignonne et un peu superficielle; rien de tout ça.

En revanche, je me suis retrouvée en plein dans ma propre expérience, celle que j'évoquais plus haut. Et je peux saisir assez facilement comment Leïla Slimani a pu en arriver à écrire un tel livre: en sublimant ses propres peurs (je ne sais pas s'il y a une infime partie autobiographique dans tout ça, et si oui, je plains la nounou qui a pu se sentir concernée!), en allant au-delà de ce que ces femmes se retrouvant ensemble au square veulent bien montrer de leur vie.
Reste que l'écriture, à mon grand soulagement, est fine, subtile, profonde, troublante, enrichissante. C'est à la fois un roman difficile à lâcher, facile à lire en soi, mais qui pose tout un tas de questions ne serait-ce que sur la question de classe sociale mais plus encore sur la notion de dominant-dominé.
C'est enfin un roman qui va visiter un monde qu'on préférerait ne pas connaître, même pas celui honteux et insoutenable de la rue, mais celui de la précarité banale et pesante.

Donc oui, à la suite des autres, je reconnais et déclare que c'est un roman qui mérite d'être lu, court, fort et percutant.
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