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Critique de OlivierBkz


Plus qu'une pensée féministe, rebelle, anarchiste ou que sais-je encore, Scum Manifesto est avant tout un pamphlet. Afin de bien éclairer le futur lecteur, il est bon de définir le concept du pamphlet, soit un écrit fait pour tuer.
A ce titre, Scum Manifesto réussit, puisqu'il argumente et explique comment et pourquoi il faudrait tuer tous les hommes de la Terre sans éprouver aucune pitié.

Le véritable problème de ce texte est son auteur : Valérie Solanas. Et certain(e)s lecteur(ice)s qui n'ont jamais vu aucun ordre patriarcal s'exprimer, qui pensent que ces idées sont des fantasmes de féministes, auront l'impression de tenir entre leurs mains un mein kampf. A celles-là et ceux-là, j'aimerais les rassurer.

Non, un génocide masculin n'aura jamais lieu, peu importe le nombre de gens qui le lisent, et
non, jamais les femmes ne détiendront un pouvoir absolu et fasciste sur l'humanité - oui je sais, il parait que certaines tribus primitives évoluant culs-nus avaient mis en place un pouvoir matriarcal, mais ne nous en inquiétons pas outre-mesure.
Pour l'instant, et je parierais mon âme là-dessus, des hommes déteindront le pouvoir sur les femmes jusqu'à la fin des temps.

Cela, n'importe quel esprit honnête pourrait en convenir. D'où l'humour de l'auteur par ce renversement des forces, et le trente-six millième degrés nécessaire pour lire ce texte. Mais hormis cela, que reste t-il ? le cri d'une femme blessée par les hommes. Comme ces hommes qui la violèrent depuis sa plus tendre enfance, ou comme celui qui l'exploita artistiquement (1), puis qui perdit sa pièce de théâtre (2) par pur je m'en foutisme, ou encore, comme cet homme éditeur qui fit fortune en vendant le Scum Manifesto dans le monde entier sans jamais rétribuer son auteur. Au final Solanas n'arrivera pas à briser sa tragédie, les hommes, et finira par crever d'une pneumonie dans une bouge crasseux de San Francisco.

C'est ce qui motiva mon envie d'écrire cette critique, vous affirmer que pour bien appréhender ce court pamphlet, il est nécessaire de s'intéresser à la vie de son auteur. Solanas, un artiste de génie que la société américaine destina à la rue, la toxicomanie et à la prostitution, mais un esprit incroyable aussi, une guerrière pleine de pulsions de vie, et de mort.

En plus du Scum Manifesto, si vous souhaitez vous intéresser à ce destin hors du commun, je vous conseille vivement le visionnage du film qui raconte sa vie, " I Shot Andy Warhol ", et la prestation incroyable de l'actrice qui l'incarne, Lili Taylor.


(1) le même homme qui exploita le peintre Basquiat, puis qui l'assassina
(1) selon Solanas son oeuvre ultime, qu'elle ne possédait qu'en un seul exemplaire.
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