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Critique de Laureneb


Les Tachiniennes, ce sont les jeunes filles de Trachis qui entourent Déjanire, la femme du plus grand héros grec, Hercule. C'est le Hercule qui a déjà accompli ses travaux, mais qui continue à réaliser des exploits supplémentaires pourrait-on dire, ce qui l'éloigne du foyer conjugal, pour la gloire et pour le désir, puisqu'il accumule les conquêtes, tant militaires qu'amoureuses. Déjanire est la figure de la femme malheureuse, délaissée par Hercule qui n'est pas rentré depuis quinze mois quand la pièce commence. Elle pleure, inquiète de sa mort possible. Or, Hercule a encore conquis une ville, et il envoie ses captives, de jeunes et jolies jeunes filles, dans sa ville. Déjanire les accueille avec gentillesse, et même pitié – parmi les captives, Hercule a dissimulé sa nouvelle épouse selon les termes de la pièce, sa maîtresse dirait-on aujourd'hui.
Déjanire est un personnage touchant, elle est sincère, ses larmes sont pleinement humaines, elle aime son mari qui l'abandonne et la manipule. Hercule, lui, malgré ses exploits, apparaît avec un regard moderne – et peut-être mon regard contemporain attentif à la parole des femmes, comme un lâche, qui cède à ses désirs sans se soucier de sa femme, de ses enfants, de son foyer. Dans la pièce, ce n'est pas le héros que l'on voit ou que l'on entend, mais le séducteur qui n'ose pas affronter sa femme. Contrairement à La folie d'Heraclès d'Euripide que j'ai lue précédemment, dans cette pièce-ci, ce ne sont pas les dieux qui sont responsables de ses souffrances, le malheur arrive par sa propre faute, de sa responsabilité. Certes, c'est Déjanire qui l'empoisonne, mais c'est involontaire et non prémédité. Hercule, lui, se plaint, crie, maudit... Il semble incapable d'un raisonnement construit. Il souffre, oui, mais sans penser aux souffrances sur les autres – sa femme trompée, sa captive/concubine/épouse/esclave... qu'il laisse seule sur une terre hostile et qui ne s'exprime quasiment pas de la pièce, ce qui fait qu'on ne sait pas si elle était consentante à l'enlèvement par Hercule, son fils à qui il demande d'ériger son propre bûcher...
Hercule ne m'apparaît donc pas comme un héros digne de devenir un dieu dans cette pièce. Cependant, il lui allait une fin atroce pour, justement, devenir un dieu et avoir sa place dans l'Olympe. C'est un héros de mythe, mais difficilement un héros de tragédie, parce que ce n'est pas un héros de la parole, il agit et il ne discourt pas, ce qui l'empêche d'être un véritable personnage de théâtre, ses actes sont hors-scène.
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