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Critique de BazaR


Troisième version antique de la légende d'Electre que je lis. Après Eschyle (fiasco) et avant Euripide (excellent) c'est l'élève Sophocle qui s'y colle.

Je ne vais pas rabâcher longtemps le pitch hein. Clytemnestre a assassiné son époux Agamemnon qui avait sacrifié leur fille Iphigénie pour acquérir un sauf conduit pour Troie. Elle a été aidée par Egisthe, un cousin d'Agamemnon qui devient son amant.
Electre, autre fille du couple, ne songe qu'à la vengeance. Mais elle ne peut pas grand-chose à part faire la gueule tout le temps. Elle atteint son frère Oreste qui finira par revenir et tous les deux se vengeront des infâmes assassins de leur père (commettant au passage un matricide).

Sophocle focalise sur l'événement que constitue le retour d'Oreste. Il développe la pièce autour de ça et évacue assez rapidement à la fin le meurtre de Clytemnestre et d'Egide – dans cet ordre contrairement à ce qu'ont écrit Eschyle et Euripide. L'auteur donne tout le temps à Electre pour conter son désespoir de vivre aux côtés des assassins de son père, sa profonde envie de vengeance. Il la confronte au choeur, à sa soeur Chrysothémis (jamais apparue dans les autres versions de la légende) qui est plus « raisonnable », plus prête à accepter la situation. le duo Electre/Chrysothémis ressemble au duo Antigone/Ismène : l'implacable volonté d'un individu fort face à la raison prête à céder devant l'autorité du moment.
Et bien sûr l'échange venimeux avec Clytemnestre est présent, toujours tourné sur la justification des envies de vengeance de l'une et de l'autre. Il est clair que Clytemnestre maltraite sa fille. Mais je me suis demandé si c'est pour elle une tactique destinée à la faire craquer, à la ramener dans son giron. Cela fait je crois qu'elle lui aurait à nouveau accordé son amour.

Sophocle développe le retour d'Oreste qui a monté un plan pour paraître incognito. Son ancien précepteur vient prévenir l'assemblée de Mycènes de la… mort d'Oreste. Et il se lance dans un long exposé épique et mythomane décrivant cette mort lors d'une course de chars. Cette partie est tout à fait inattendue et surprenante. Elle offre un contraste fort avec le sujet principal et l'occasion de satisfaire l'esprit patriotique de son public athénien car c'est un athénien qui gagne la course du récit.
Oreste est là, à côté, portant l'urne contenant les « cendres » de lui-même. Et il va prendre un temps fou à torturer sa soeur Electre. Celle-ci est évidemment effondrée depuis l'annonce de la mort de son frère. Et lui traîne les pieds avant de lui avouer qui il est. Sophocle prétend dans un vers que c'est parce qu'il n'a pas confiance dans les gens que représente le choeur, mais ça ne tient pas la route vu la vitesse à laquelle est évacué l'argument.

Comme je l'ai dit, les meurtres sont rapidement réalisés, libérant d'un coup la tension de l'attente du public. On ne verra pas Oreste poursuivi par les Erinyes comme dans les deux autres versions antiques. Justice est faite et bien faite à la fin.
Seul mystère : comment Chrysothémis a pris le meurtre de sa mère par son frère qui a dû avoir lieu sous ses yeux ? Personne n'en sait rien.
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