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Critique de Diabolau


Petite analyse différenciée par ordre croissant d'intérêt.

Urbex :
Pas trop ma tasse de thé. Trop proche des trop nombreux films thrillers-horreur où une bande de jeunes part en camping/rando/exploration et se fait découper par des monstres/mutants/tueurs/extra-terrestres/spectres. Ça m'a un peu rappelé « Magmat », qui sans surprise était la nouvelle que j'avais le moins aimé dans son premier recueil. Le personnage de Rachel a de nombreuses analogies avec une autre actrice X, non repentie celle-là, dans le cri sauvage de l'âme, et le développement sur ses performances intestinales m'a vraiment semblé de trop. Soulier a déjà tout dit sur le caca, il faut vraiment qu'il passe à autre chose, maintenant.

La visiteuse de prison et le Grammar Nazi :
Une très bonne idée de départ, avec une relation étrange qui fait un peu penser à celle entre Hannibal Lecter et Clarisse Starling, mais une relation qui met du temps à se développer pour finalement se terminer un peu vite, au bout de trois rencontres. J'ai presque eu l'impression que Soulier avait eu la flemme de la finir. Le côté psychorigide du tueur est très bien rendu, jusque dans son lexique et son phrasé, mais j'ai quand même été très étonné qu'il se fasse avoir par un algorithme.

Laissez entrer le miracle dans votre coeur :
C'est pour ça qu'on aime Soulier aussi : pour ses expérimentations. Je ne suis pas trop fan du sujet (les super-héros me hérissent un tantinet le poil) et la forme n'aide pas non plus à s'immerger dans cette histoire, mais il faut tout de même saluer la performance, et les thèmes riches qu'elle aborde.

L'immeuble aux métèques :
Une entrée en matière très convaincante et digne des meilleurs Soulier, mais j'ai trouvé que dans la deuxième partie, le soufflé retombe un peu, notamment à cause des (trop) nombreuses digressions sur les Darwin Awards, statistiques sur la mort et autres apartés « documentaires ». Non qu'ils soient inintéressants, loin de là, mais ils nous éloignent de l'histoire et font parfois un peu plaqués. J'avais d'ailleurs ressenti un peu la même chose en lisant le cri sauvage de l'âme. Reste que le sujet, cher à Soulier – les handicapés, les laissés-pour-compte, les « pas comme les autres » – est puissamment traité, comme à l'habitude de l'auteur, et que cette histoire d'immeuble était une excellente idée. Soulier aurait d'ailleurs ou approfondir encore le sujet, notamment en faisant intervenir la propriétaire, personnage qu'on imagine délicieusement paradoxale, à mi-chemin entre la philanthrope et la marchande de sommeil.

Eau de spleen :
Bouleversante, cette histoire qui rappelle le mémorable Johnny-s'en-va-t-en-guerre de Dalton Trumbo, que je n'ai pas lu, mais dont j'ai vu l'adaptation cinématographique du même auteur qui m'avait bien calmé. Au-delà de l'admirable description des sentiments d'un homme prisonnier de son propre corps, comme dans un locked-in syndrome, et au-delà de l'avalanche de questions éthiques que cela pose (l'euthanasie, et jusqu'où faut-il recueillir le consentement éclairé d'un homme avant de le soulager définitivement de ses souffrances ?), c'est plus encore le traitement criant de vérité d'une relation fusionnelle et toxique entre une mère et son fils qui impressionne. Quand l'amour devient maltraitance. Brûlant d'actualité, après la pathétique affaire Vincent Lambert. Bon, j'avais deviné la chute, mais franchement c'est pas bien grave.

Quitter Eskern :
Voilà un texte qui a tout de suite parlé à mon coeur de Breton. Depuis que je l'ai lu, je pense que Soulier a du sang breton, ce que j'aurais pu soupçonner depuis longtemps. C'est vrai qu'avec le Cognac, ça fait un mélange plutôt détonant. Difficile à résumer sans le dégoupiller, ce huis-clos ilien, poétique, dramatique, sentimental (au bon sens du terme), étrange et mystérieux… jusqu'à la surprenante touche finale. Je préfère vous laisser le dégoupiller vous-mêmes, quand vous serez prêts.

En résumé :
Bon, j'étais pas inquiet, et j'avais raison de ne pas l'être. Soulier reste une valeur sûre, même si pour moi ce second recueil est globalement un peu en-deçà du premier. Disons que c'est plus du Cognac hors d'âge, mais que ça reste du Vieux Cognac.
À ce stade de sa carrière, le défi pour lui était peut-être de varier un peu ses thématiques, et c'est pas toujours facile pour un auteur, mais à la lecture de « Galeries », publié depuis, je pense qu'il a réussi ce pari, même si je vérifierai cette hypothèse un jour ou l'autre avec Lila-Lilalou et sa série « Richard Bachman ».
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