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Critique de patachinha


A l' aube du XXème siècle, en décembre 1905, Valença, un esprit de son temps, libéral, vaguement monarchique fut convoqué par sa majesté le roi Don carlos. Celui-ci entendit lui confier une mission épineuse, celle de devenir pour un mandat de trois ans le gouverneur des îles de Sao Tomé et Principe, la célèbre " île chocolat ". Ses articles très remarqués sur la nécessité de réformer les vicissitudes coloniales et de mettre en oeuvre une politique de colonisation moderne, avec pour objectif, d' apporter la civilisation avaient courrut le pays, et étaient arrivés aux oreilles du Roi; qui distinguait en lui l' homme nécessaire pour cette tâche.
En effet, le Roi était sous pression de tous côtés : au plan interne le pays traversait alors une grave crise politique et institutionnelle, divisé entre le gouvernement républicain et une autorité royale amoindrie, minée, dénigrée... Au plan international, certaines puissances jouaient de leur influence stratégique pour affaiblir l' autorité portugaise sur ses colonies et en tirer clairement un avantage.

L' urgence s' imposait : les anglais lui avaient clairement lancé un ultimatum. Si il était prouvé que l' économie locale de Sao Tomé et Principe fondée principalement sur les cultures du cacao et du café, reposait sur une main d' oeuvre esclave en provenance d' Angola, alors ils estimaient que c' était une concurrence déloyale par rapport aux produits de colonies britanniques et par conséquent ils appeleraient au boycottage de ces mêmes produits.
Pour se faire, et en toute légitimité par rapport à des accords conclus dans le passé entre ces deux pays, les Britanniques disposaient de toutes les facultés pour mener à bien leurs contrôles. Ils décidèrent à cet effet d' envoyer un consul anglais résident, sur le terrain pour vérifier les conditions de travail et de vie des travailleurs, en vue de rédiger un rapport final... Au nom de son pays, et pour servir son Roi Luis Bernardo accepta de s' embarquer dans cette folle aventure.

La mission de Valença, fut dès lors, ni plus ni moins de convaincre ce consul durant son séjour que le Portugal ne pratiquait plus l' esclavagisme depuis longtemps, était respectueux des accords internationaux conclus, veillait au bien-être de ces citoyens portugais en Afrique. Mais la situation était inextricable, entre théories juridiques et officielles, et réalités sur le terrain ...
Sa tâche aurait peut- être été plus simple s' il n' avait pas rencontré de résistances locales de la part des notables, des administrateurs des plantations, qui voyaient en lui un blanc-bec, un petit lisbonnais prétentieux, avec de grands airs de docteur... qui prônait des idées révolutionnaires, mais qui ne connaissait rien à la réalité locale; aux nécessités d' utiliser la crique et le fouet pour faire travailler ces "animaux", pour donner du rendement aux grands propriétaires terriens qui foulaient rarement leur domaines, et aux coffres de l' Etat.

Guidé par son intuition, son intelligence, ses convictions, son humanisme, il se donnera corps et âme pour changer les mentalités ...
" Un esprit libéral quoique sceptique, tel que le sien, repensait soudain à la phrase d' adieu prononcée par l' administrateur du domaine de Porto Alegre , le premier qu' il eût visité : c' est Dieu qui a crée le monde et pas les hommes. C' est lui qui a crée les riches et les pauvres, les Noirs et les Blancs, et il n' appartient pas aux hommes de modifier certaines choses dans l' oeuvre divine. Effectivement certaines choses ne pourront jamais être changées. Mais aussi, comme avait dit à l' Assemblée nationale française son idole, Victor Hugo : "Je déclare qu' il y aura toujours des malheureux, mais qu' il est possible de faire en sorte qu' il n' y ait plus de miséreux."

A certains moments il m' a fait pensé au personnage d' Atticus Finch dans Ne tirez pas sur l' oiseau moqueur...

Entre intrigues, complots, rivalités, passions dévorantes, loyautés, haines, hostilités, méfiances, mensonges, amitiés éphémères, arguments pseudo-juridiques, mauvaise foi, intérêts cachés de part et d' autre, amours fugaces, plages de sable fin, cocotiers, faune et flores luxuriantes, climat d' humidité quasi-permanent, il y aura de l' agitation sous l' Equateur!

Valença réussira-t-il à mener sa mission à bien? Que lui réservera le destin? A quel sort sera livrée cette colonie? L' Empire colonial pluri-séculaire survivra-t-il?


J' ai adoré ce livre qui m' a totalement embarqué vers ces îles paradisiaques! Des descriptions absolument somptueuses qui font rêver! de plus qui retrace fidèlement un pan de l' histoire coloniale portugaise, son effritement au profit d' autres puissances, le déclin d' un pays qui n' avait pratiquement plus de voix sur la scène politique internationale, alors que jadis il se partageait le monde avec sa rivale et soeur l' Espagne!
C' est un roman, qui s' encadre parfaitement dans l' histoire de l' époque, certains personnages sont bien réels.
J' ai beaucoup apprécié le thème, qui m' a donné envie de faire des recherches pour en savoir plus. Il faut savoir qu' avant la Première Guerre Mondiale et déjà à la fin du XIXème siècle, l' Angleterre et l' Allemagne avaient négocié en secret le partage de l' Empire portugais! A cette époque, le Portugal comptait encore sous son giron les îles du Cap-Vert, la Guinée portugaise ( Guinée Bissau ), Sao Tomé et Principe, L' angola, Cabinda, le Mozambique, Goa en Inde, Macao en Chine, le Timor oriental...
Lien : http://songes-litteraires.ov..
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