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Critique de Alfaric


Il était une fois l'Âge d'Or de la SF, quand les aventures de John Carter, Buck Rogers, Flash Gordon et Captain Future amenaient par millions les lecteurs aux oeuvres d'Heinlein, Clarke, Van Vogt, Asimov... Mais tout a une fin, et alors que grâce aux mass medias le phénomène Star Wars démocratisait et popularisait définitivement le genre, en marquant de son empreinte l'imaginaire collectif du monde entier, la SF littéraire se coupait de son public en s'intellectualisant... Et plus elle s'intellectualisait, et plus les ventes s'effondraient et puis le public se réduisait... Alors que des auteurs résistaient vaillamment au Côté Obscur de l'intellectualisme, d'autres ont essayé encore plus encore vaillamment de repartir à la reconquête du peuple sfiste : ainsi naquirent le New Space Opera, qui marient la Hard Science et le cyberpunk au Space Opera, et le Sword & Laser qui comme son aïeul le Sword & Planet mise tout sur le côté aventure...
"Grand Central Arena" est à la jonction de ces deux dernières tendances de la Science-Fiction, basculant encore en cours de route du NSO au Sword & Laser, voire à la Science-Fantasy. Et dès le mot d'introduction de l'auteur nous avons un vibrant hommage à E.E. Smith (le papa de la saga "Fulgur" à laquelle l'auteur emprunte beaucoup car il s'agit tout simplement du Space Opera le plus ambitieux de tous les temps) et au « sense au wonder » si cher à mon coeur... Tout cela est alléchant, mais qu'en est-il vraiment ?


Le Professeur Sandrisson déçu par ses premières expériences supraluminiques, recrute un équipage pour un premier vol habité au-delà de la vitesse de la lumière... pour aboutir dans l'Arène, superstructure au-delà de l'imagination dont la surface est recouverte de sphères de 20000 kilomètres de diamètre au nombre égal à celui des étoiles dans l'univers !
Voilà nos pionniers menés par la commandante improvisée Ariane Austin, qui vont devoir apprendre au pas de course les us et coutumes des milliers d'espèces soumises aux règles de l'Arène. Et en tant que premiers émergents, ils attirent l'attention de ses principales factions :


Alors je ne vais pas tortiller du cul pour chier droit, c'est bien, mais pas vachement bien... L'auteur est un passionné de Science-Fiction et balaie ses références de Mary Shelley à Dan Simmons, mais au finale on retrouve les sensations de "Stargate" et de "Farscape", et comme ces séries télévisées ou comme nombre de classiques du genre on suit avec joie les codes de la Portal Fantasy, tout en ajoutant un côté survival assez inspiré par les émissions de téléréalité (les équipes, les défis, les explications et les convocations de la Voix et tutti quanti) !
Mais j'aurais largement mieux aimé que l'auteur lâche du lest sur la Hard-Science, parce que les passages sur les Quarks, la constante de Planck, le seuil de Turing, le paradoxe de Fermi et autres trucs plus ou moins destinés aux ingénieurs en sciences alourdissent un récit qui se veut d'abord et surtout pulpien. de la même manière pourquoi nous bombarder durant toute la mise en place du récit de nanomachins, de cybertrucs et d'IAbidules pour que tous les e-schmiblicks tombent en rade dès l'arrivée dans l'Arène ? C'est assez incohérent de la part d'un auteur qui se pose en rupture de l'intellectualisme...
Mais le gros deus ex machina qui conclut le climax de ce tome 1 a gâché mon plaisir, même si le principe de Clarke qui nous emmène des terres de la Science-Fiction à celles de la Fantasy n'est pas gênant en soi. L'auteur s'est montré assez complaisant avec le fait religieux pour ne pas se mettre en porte-à-faux avec les tenants du « in god we trust » : que tout le roman tienne sur la foi en un miracle a douché mon enthousiasme (pas convaincu par toute les déductions analytiques et les explications scientifiques pour démystifier le truc à posteriori)...
Mais j'ai des réserves sur les personnages : je passe sur le triangle amoureux qui ne sert à rien vu qu'on ne dépasse pas le stade du flirt et du béguin, mais pourquoi avoir pris comme personnage principale une texane geek fan de courses de nascars, alors qu'elle se fait complètement voler la vedette par ceux dont les histoires sont tellement intéressantes qu'elles pourraient constituer de super romans en soi ?

J'imagine qu'il a sans doute allégorie et private joke sur l'héroïne Ariane qui guide ses compagnons dans le labyrinthe cosmique qu'est l'Arène, les personnages cités ci-dessus ayant si on y réfléchit bien une bonne tête de Thésée, avant de prendre les armes pour les défendre en personne... Strong Independant Woman ou Wonder Woman ? ^^
Le surchapitrage aurait pu hacher le rythme, mais vu que presque tout est raconté du point de vue d'Ariane, avec quelques alternances avec ceux de ses prétendants, ce n'est finalement pas très enquiquinant. Par contre à l'image de "The Expanse" de James S.A. Corey, on sent que les twists et les cliffhangers ont été placés en fonction d'une future adaptation à l'écran, que j'attendrai avec impatience certes, mais c'est un peu chiant quand même…


3,5 étoiles arrondies à 3 étoiles. J'ai passé un bon moment et les scènes d'action sont réussies, mais elles sont quand même assez délayées et cela aurait été autrement plus rythmé avec 200 pages de moins. Maintenant que le cadre à été posé et que les enjeux et les factions ont été présentés, il ne reste à l'auteur qu'à passer la vitesse supérieure ! (et drôle de personnage que cet auteur, diplômé en mathématiques, sciences, psychologie (d'où son horripilante marotte de décrypter le langage corporel de tous les interlocuteurs de ses personnages), sciences de l'information, et qui a été libraire, caissier, responsable de production et qualité, éditeur de jeux de rôles, coordinateur en recherche et développement… attention à l'adage américain qui dit « bon à tout, bon à rien »…)


Challenge Pavés 2015-2016
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