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Critique de Andromeda06


"Pot-Bouille" est le dixième tome des Rougon-Macquart d'Émile Zola, adapté ici en bande dessinée par Éric Stalner et Cédric Simon. J'ai récemment fait la connaissance de ce duo avec "La curée", adapté du second tome des Rougon-Macquart. Je le retrouve ici avec plaisir, dans cette très belle adaptation graphique.

Dans "Pot-Bouille", Zola met en scène Octave Mouret qui vient de débarquer à Paris, s'installant dans un immeuble bourgeois de la rue de Choiseul. À travers ses ambitions à vouloir s'élever socialement et ses plans de séduction qui lui permettront d'arriver à ses fins, nous faisons la connaissance des différents acteurs vivant dans cet immeuble, voisins de Mouret. Entre apparences bien sous tout rapport et envers du décor, Zola a sa façon bien à lui de dénoncer « la bassesse d'une société sans âmes », celle de la bourgeoisie, qu'on aurait pu appeler « cochon & compagnie » comme le résume si bien l'une des domestiques en fin de cet ouvrage.

Éric Stalner et Cédric Simon ont mis un point d'honneur à retranscrire parfaitement ce petit monde bourgeois, tel que Zola l'a décrit. On y retrouve sans défaut les magouilles des uns, les mauvaises langues des autres, leur cupidité, leur radinerie et leur hypocrisie, et ce derrière le faste des belles apparences, des dîners mondains et des belles tenues. C'est cruellement bien dépeint et ne dénature en rien l'oeuvre de Zola.

Aucunement on ne s'attache aux personnages, pourtant si bien campés dans ce Paris en pleine transformation. Ils sont plus détestables les uns que les autres, même Mouret ne déroge pas à la règle, alors que je le trouve plutôt touchant dans "Au bonheur des dames" (onzième tome des Rougon-Macquart). Chacun y met du sien pour arriver à ses fins, sans le moindre scrupule quant aux conséquences sur les uns et les autres. Chacun se sert des faiblesses de son voisin pour obtenir ce qu'il veut (alcoolisme, adultère, folie, migraines à répétition, deuil). Des unions se forment et se défont au gré des objectifs à atteindre. C'est pitoyable, révoltant, dégoûtant, au point de prendre plaisir à chaque fois qu'un malheur ou un drame touche les uns ou les autres.

Les graphismes qui illustrent cette pathétique histoire sont superbes et en adéquation avec la vie parisienne de l'époque. Les dessins sont fins et détaillés, colorés et fastueux, et remplacent dignement les descriptions précises de Zola. J'ai particulièrement apprécié que chaque famille soit associée à une couleur en particulier, nous permettant de les identifier facilement. Les protagonistes sont en effet plutôt nombreux, mais aisément repérables grâce à ce "code couleur".

Le dossier en fin d'ouvrage est fort intéressant. Relativement complet, il se découpe en plusieurs parties, chacune abordant un thème sur le Paris du XIXe siècle : la vie parisienne des années 1860, les travaux haussmaniens, l'origine du surnom "la ville lumière", les (nouveaux) quartiers bourgeois et populaires, les quartiers déshérités et ouvriers, la cohabitation dans les immeubles, etc. Accompagné en plus de cela de photographies et divers dessins et croquis, ce fut très instructif.

Je suis à nouveau tombée sous le charme du travail de Stalner et Simon, un duo que je compte désormais suivre plus assidûment.

Un très beau roman graphique.
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