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Critique de Bookycooky


Après le livre de Sedef Ecer écrivaine turque , écrit directement en français, j'entame par hasard celui de Stanišić, écrivain serbo-bosniaque, écrit directement en allemand, la langue de son pays d'accueil, sur la recherche et nostalgie des origines. Stanišić y parle de son pays natal à la lumière de sa vie d'ex-yougoslave exilé en Allemagne :« le pays où je suis né n'existe plus aujourd'hui. Tant qu'il a existé, je me considérais comme Yougoslave. Comme mes parents, issus d'une famille serbe (mon père) ou bosnio-musulmane (ma mère). »
En 2009 , alors qu'il vit en Allemagne depuis 1986, il retourne voir sa grand-mère paternelle, primadonna du livre, à Višegrad où il est née lui-même. Un voyage entamé avec celle-ci à Oskoruša, pays des ancêtres du grand-père va être le début de ses préoccupations de ses « Origines ». « Origines » un mot qui par les temps qui courent utilisé pour différencier les gens, un mot destructeur dans l'ambiance d'un monde, «où les frontières sont de nouveau renforcées et où des intérêts qualifiés de nationaux ressurgissent du marais asséché où foisonnent les petits États morcelés. Où l'exclusion fait partie de programmes politiques et où l'on peut à nouveau se permettre de lui accorder son suffrage. »
La grand-mère, version femme d'un parrain de la Mafia, est le Personnage de ce roman, où Stanišić lui rend un très bel hommage, d'autant plus que “L'origine, c'est Grand-mère...l'appartenance à laquelle on n'a pas contribué “. Une Grand-mère qui n'échappera malheureusement pas à la démence, mais qui jusqu'à la fin ne lâchera pas les rênes pour autant. Alors que Grand-mère perd ses souvenirs, son petit-fils essaiera de les récupérer.

Le style d'écriture de Stanišic peut ne pas convenir à plus d'un, « Sans digressions, mes histoires ne seraient pas du tout les miennes. La digression, c'est mon mode d'écriture. My own adventure. » . À moi ça m'a bien plue, d'autant plus qu'avec beaucoup d'humour, celui qu'on appelle dans la famille "Celui qui écrit" exprime la complexité de nos Origines , libérant les siennes de toute chronologie ( particulièrement dans la dernière partie ), de réalisme et de vérité formelle et y ajoutant une dimension fantastique. Surtout que pour lui après la disparition de la Yougoslavie, rechercher ses racines alors que sa famille est dispersée dans quatre pays et qu'il cherche à s'intégrer dans son pays d'accueil, devient une quête presque impossible.
Je regrette un peu la traduction de l'allemand qui n'est pas vraiment au point. Il y a des maladresses dans certaines phrases qui semblent être traduites mot à mot, et certains mots que la traductrice ne connaît pas à mon avis , laissés tels quels , car tout simplement parce que ceux sont des mots d'argot de la langue natale de divers immigrés, insérés dans l'Allemand, pour lesquels des notes en bas de page auraient été la bienvenue. Ces maladresses ne peuvent venir que de la traduction vu que l'écrivain a reçu avec ce livre le grand et prestigieux prix littéraire Deutschen Buchpreis 2019, et que les allemands sont très exigeants, très pointilleux sur leur propre langue. Sinon un livre intéressant, sincère et trés agréable à lire sur l'exil et ses suites, aux chemins épineux et douloureux dont Stanišic me semble en être très bien sorti.

Doux bruissement des cimes,
Oiselets volant vers les lointains,
Cascades bondissant des sommets,
Dites-moi, où est ma patrie ?
( Josef von Eichendorff )



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