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Critique de afriqueah



Comment j'ai retrouvé Livingstone Henri M Stanley

Lire Stanley est un bonheur, et surtout une surprise : Je l'avais lu il y a longtemps dans mes années africaines, et avais noté son orgueil, sa condescendance vis à vis de ses porteurs, ses affirmations sur la supériorité de la race blanche, sa manière de donner des ordres, de chasser y compris les girafes ( dont je croyais que la viande était immangeable)
Relecture après relecture, je comprends mieux : les quatre vingt dix hommes qui le suivent devaient manger, et ne pouvaient se contenter de baies sauvages, vu les kilomètres qu'ils couvrent depuis Zanzibar jusqu' autour du lac Tanganyika.

L'enfance de Stanley a été tragique, à la Dickens : orphelin, abandonné, recueilli dans un orphelinat/établissement de redressement en Angleterre où il est né, finalement il fait sa vie aux Etats Unis, et se trouve à Madrid comme correspondant de guerre lorsque le fils du directeur du New York Herald lui demande de couvrir l'inauguration du canal de Suez, puis différents lieux de conflits au Moyen Orient… enfin de rechercher Livingstone, réputé mort près des sources du Nil.
La rencontre entre les deux hommes, Stanley le journaliste et Livingstone le missionnaire, a quelque chose de magique. Trouvailles mises en scène par ces mots un peu imbéciles mais rendues inoubliables par Stanley lui-même:

« Docteur Livingstone, I presume ? ».

Stanley, à Zanzibar, prépare, en vue de payer les frais de passages de chaque village les milliers de mètres de cotonnades de toutes les couleurs, la verroterie vénitienne elle aussi de toutes couleurs, les fils de laiton, puis les provisions personnelles, corde, tentes, ânes, toiles, munitions, médicaments, enfin, il fait désosser un bateau.
Suivant le même itinéraire que Burton et Speke parvenus jusqu'au lac Tanganyika en 1858, Stanley recrute les mêmes porteurs (les survivants)en 1871.

C'est avec extase qu'il décrit une ville construite à Simbamouenni ( actuelle Tanzanie), dans une vallée magnifique, avec des fortifications arabo-persiques en pierre, des tours aux quatre coins, des portes en bois de tek du pays et « couvertes des arabesques les plus fines et les plus compliquées ».

La fièvre, les marécages, « la désolation de l'isolement »les passages difficiles dans chaque village qu'il faut parfois payer deux fois, s'accumulent pour le faire douter de retrouver Livingstone. Pourtant, se dit-il, « Personne au monde ne m'arrêtera; seule la mort pourrait…mais non ; mais non, pas même la mort, car je ne mourrai pas ; je ne veux point, je ne peux pas mourir. »
C'est donc bien plus qu'une mission destinée à être publiée dans un journal américain : Stanley non seulement admire la beauté des sombres massifs sur fond d'un tapis de verdure, les collines ornées de grands arbres, le ballet des zèbres qui jouent entre eux, ressent « la fierté du spectateur qui se croit possesseur d'un si vaste domaine, peuplé de si nobles bêtes », il est possédé de ce sentiment océanique dont parle Freud. Il calcule aussi le travail de tous ces hommes qui rendent le paradis possible, l'aménagement des pistes, le portage, les kilomètres à pied de toute l'équipe, la fidélité de certains « fidèle et dévoué jusqu'à la mort, Sélim m'a sauvé à Mfouto ; et, en lui donnant ces éloges, je sens combien ils suffisent peu à exprimer le sentiment que j'ai des services qu'il m'a rendu. »

Sentimental, Stanley ?
eh bien, oui.
Enfin, sa rencontre avec Livingstone, sa découverte d'un caractère calme, capable par sa détermination tranquille de désamorcer les conflits, ainsi que, par son rire, les tentatives de séduction de l'épouse du roi du Cazembé, parée de ses plus beaux bijoux (elle est jeune et jolie, avoue Livingstone dans son Dernier journal, mais lui est missionnaire !) est déterminante : il admire cet homme, de tout son coeur.

Livingstone vient d'être dévalisé, il survit à peine et pourtant, il a décidé d'aller jusqu'au bout de ses recherches sur la seconde source du Nil. Avec Stanley, qui lui a apporté des vivres, les nouvelles du monde ( CF citation) et les malles de son courrier en attente à Zanzibar depuis un an, il essaie de prouver que depuis le lac Tanganyika un effluent au Nord serait peut être une source du Nil le reliant au lac Albert.

Commentaire de Stanley : « le docteur est plus capable que moi d'établir le fait ; aussi, dans la crainte de dénaturer sa pensée, je lui abandonne le soin de l'expliquer lui-même quand il en aura l'occasion. »
Commentaire personnel : j'essaie d'expliquer ce que je lis, avec toute mon incompétence.
Après 480 kilomètres marchés en 28 jours, ils rentrent au pied-à-terre du docteur, qui décide de rester et de continuer ses recherches et confie au journaliste ses nombreuses notes destinées à la Société de géographie de Londres, au commanditaire américain du voyage de Stanley, et à ses enfants.

Cet homme avait fait ma conquête, écrit Stanley.
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