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Critique de 5Arabella


En guise d'explication, la Galicie est une partie du territoire du royaume de Pologne attribué à l'Autriche pendant les démembrements de la Pologne au XVIIIem siècle. A l'heure actuelle, ces territoires se trouvent dans différents pays, ce qui en reste en Pologne, se situe au sud-est, à la frontière avec l'Ukraine, c'est le territoire le plus oriental, et le plus pauvre du pays.

Andrzej Stasiuk nous parle des gens qui vivent dans ce territoire, et plus exactement dans un village. Tout d'abord, il semble s'agir de nouvelles, chacune d'entre elles nous brosse le portrait d'un personnage, en quelques pages à peine. Un conducteur de tracteur dans un kolkhoz, qui bien sûr a complètement périclité depuis les changements politiques par exemple. Ou un retraité qui passe son temps à raconter avec des détails les plus infimes les petites choses de sa vie. Mais progressivement, nous voyons les personnages revenir, et raconter une sorte de récit collectif, de la vie d'une communauté. Les récits apparemment sans lien, se répondent, se complètent, et dessinent une fresque dont les couleurs se découvrent en même temps que les vies et les destins des personnages. C'est parfois tenu et il faut capter le fil qui relie les choses les unes aux autres. Mais les personnages sont tenaces, et même morts, ils reviennent parfois hanter les vivants et finir de jouer leur partition.

Il s'agit de toutes petites gens, essentiellement des paysans, qui vivent tant bien que mal, et plutôt mal, voir très mal. Les hommes boivent, terrorisent leur famille, travaillent dur, et boivent ce qu'ils ont gagné. Les femmes travaillent, mettent au monde des enfants, beaucoup d'enfants. Un réel sordide, triste, désespéré pourrait-on dire.

Alors comment l'auteur arrive à lui donner toutes ces couleurs, et cette extraordinaire vitalité ? Là c'est vraiment du grand art. Il utilise un vocabulaire, recherché, précieux, même si sa phrase est économe, le choix des mots est essentiel, il donne des allures d'épopée mythique, d'épisodes lyriques à des scènes qui décrites autrement pourraient sembler d'une trivialité et d'une laideur repoussantes. Il magnifie ces personnes, dans lesquelles on pourrait voir des déshérités, des miséreux, et en fait des héros, essentiellement de tragédie, car tout cela ne peut avoir de fin heureuse. le mari qui tue sa femme supposée infidèle et dont le fantôme hante certains habitants du village, et en premier lieu le policier qui la arrêté. Et le chapitre final, est hallucinant, drôle et pathétique à la fois.

Je dirais que pour moi c'est sans conteste un livre marquant, comme d'autres du même auteur.
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