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Critique de Andromeda06


« Un antique traité de médecine arabe affirme que le coeur de l'homme se divise en deux parties, la première se nomme bonheur, et la seconde, désespoir. En laquelle nous faut-il croire ? »

"Le coeur de l'homme" est le dernier tome de la trilogie romanesque de Jón Kalman Stefánsson, dans lequel nous retrouvons le Gamin et Jens, que nous avions abandonnés au beau milieu d'une tempête de neige à la fin du tome précédent. Recueillis chez un médecin, ils tentent tous deux de se rétablir, ayant échapper de peu à la mort. Puis vient le moment de rentrer au Village, en même temps que le printemps décide enfin de s'installer. Les neiges fondent, la saison de salage des morues débutent. Jens démissionne et s'en retourne vers la femme qui l'attend depuis longtemps. le Gamin, quant à lui, parfait son instruction auprès de Gísli, le directeur de l'école au penchant très alcoolisé, et auprès d'Hulda pour son anglais, tout en continuant de travailler à la buvette et de faire la lecture à la fin du service à Geirþrúður (propriétaire des lieux et femme qui se bat continuellement dans ce monde d'hommes pour garder son indépendance), à sa fidèle Helga et au vieux loup de mer aveugle Kolbeinn.

Alors que le printemps, puis l'été s'installent, alors que les travaux de saison ne manquent pas, alors que chacun des protagonistes va devoir se battre face aux imprévus et aléas de la vie, le Gamin cherche toujours un sens à son existence, découvre l'amour ou du moins les relations complexes entre les sexes, se demande si la vie en général en vaut la peine face à toutes ces injustices (pouvoir des hommes, pauvreté, deuils). Peut-on espérer vivre des jours meilleurs, peut-on aspirer à connaître un jour le bonheur quand tout autour de nous n'est que désespoir et injustice ?

Ça a été un plaisir que de retrouver ce Gamin, encore plein d'innocence, pour qui les livres sont un refuge mais dans lesquels il ne trouve pas toutes les réponses à ses questions, ce Gamin que l'on dit trop mou, pas assez viril, voire même débile, alors qu'il est juste un grand sensible. À travers réflexions et retranchements intérieurs, au fur et à mesure que le temps devient de plus en plus clément, nous assistons à la transformation qui s'opère chez le Gamin, celle qui le rendra homme. Et ce ne sont pas seulement ses lectures et son instruction qui en seront la cause : ses relations avec les autres évoluent, ainsi que les relations entre les divers personnages. C'est beau !

Ce dernier tome, pour moitié roman initiatique et roman psychologique/philosophique, clôt admirablement la trilogie. On avait eu droit dans les deux premiers tomes à une Islande froide, toute vêtue de blanc, peu accueillante avec ses montagnes imposantes et sa mer colérique. On la découvre ici, certes toujours pas si accueillante, mais toute verte, pleine de vie, plus chaleureuse. Une Islande décrite comme un personnage à part entière, avec ses défauts et qualités, dont sont tributaires les différents protagonistes.

Mon gros bémol est toujours le même : je suis toujours autant gênée par la mise en forme/page, avec des dialogues au beau milieu des paragraphes, au beau milieu des phrases, que l'on ne distingue pas de la narration et des pensées intérieures. Et souvent, on a droit aux trois dans une seule et même phrase, avec même des répliques de plusieurs personnages. Ça en fait des longues phrases, avec un nombre incalculable de virgules... C'est parfois usant et fatigant, et c'est ce qui m'a gâché en partie la lecture...

Heureusement que la jolie plume de l'auteur est là pour rattraper : toute pleine de poésie et de lyrisme, tantôt douce et mélodieuse, tantôt plus aigrie, en accord total avec les paysages, l'humeur et le climat islandais.

Des trois tomes, ma préférence tend plutôt pour ce dernier, que j'ai trouvé un peu plus lumineux, qui donne aussi un peu plus d'importance aux personnages qui entourent le Gamin, ce jeune garçon qui nous touche de plus en plus.
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