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Critique de Luniver


Cannabis, tabac, pornographie, OGM, … Les marchandises qui suscitent de vifs débats dans la société ne manquent pas. Certaines tentent de faire leur entrée sur les rayons, d'autres sont poussées vers la sortie. Mais qu'est-ce qui détermine au final, la légalisation ou l'interdiction de ces produits ?

La première étape dans ce débat moral est justement de la quitter. On ne conteste pas une marchandise parce que c'est bien ou parce que c'est mal, mais uniquement pour protéger certaines catégories de personnes : celles qu'il faut protéger d'elles-mêmes (dépendance), celles qui ne sont pas capables de faire un choix éclairé (mineurs) ou encore celles qui sont trop pauvres pour résister au chant des sirènes de l'argent.

Cette situation peut parfois aboutir à un « combat de victimes », chaque camp essayant de mettre en avant son champion : junkies contre soulagement des douleurs des malades en phase terminale pour la drogue, survie des patients en attente de greffe contre le père de famille obligé de vendre un rein pour nourrir ses enfants en ce qui concerne la vente d'organes.

Il faut également noter que désigner un public à protéger du marché peut paradoxalement mener à une légalisation si ce public est trop restreint. Ainsi, l'argument selon lequel la pornographie est une atteinte directe aux femmes n'a jamais réussi à s'imposer dans la société, seule la protection des mineurs a été retenue. La mise en place d'une législation sur la condition des ventes a permis le développement d'une industrie florissante.

Dans certains cas, on observe une moralisation indirecte de la marchandise contestée : les paris sur les courses devaient à la base servir à améliorer les races de chevaux françaises, les gains des loteries étaient reversés aux gueules cassées de la première guerre mondiale, une taxe sur les films pornographiques servait d'aide au « vrai » cinéma… Si l'on exploite une faiblesse uniquement pour la bonne cause, l'ensemble du système devient finalement moralement acceptable.

On remarquera, enfin, que ces autorisations et interdictions sont loin d'être définitives, qu'elles évoluent en fonction des découvertes scientifiques et des changements dans la société. La drogue a longtemps été tolérée, n'a été interdite qu'au début des années 1900 et est de moins en moins réprimée. À l'inverse, le tabac fait l'objet d'incessantes attaques après la découverte de la dépendance qu'il provoque, puis des méfaits du tabagisme passif.

L'essai est intéressant à plus d'un titre. D'une part, je me suis aperçu que, si j'étais capable de donner mon opinion sur tous les sujets évoqués, je ne connaissais en général rien des tenants et aboutissants de chaque problématique. Et s'apercevoir que son avis est calqué sur celui qui a crié le plus fort dans le débat n'a rien de réjouissant. D'autre, l'essai offre des outils critiques qui peuvent être réutilisés pour d'autres thématiques. On cherchera à titre d'exercice les populations fragiles dans la gestation pour autrui ou dans le clonage.

Un ouvrage passionnant qui me donne envie d'ajouter une trentaine d'autres livres dans ma PAL pour approfondir chaque sujet, c'est pour moi une incontestable réussite !
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