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Critique de Fortuna


C'est une découverte plutôt étrange et macabre que fait Octave Lepgorin, psychanalyste en rentrant chez lui pour accueillir son premier rendez-vous : un travesti bavant, écumant, vomissant dans son salon… Nulle porte fracturée mais un message menaçant posé à côté du téléphone, lui annonçant sa mort programmée et le mobile à l'asile de Prémont. Au volant de sa Peugeot 203 dans laquelle il découvre une nouvelle menace écrite au rouge à lèvres écarlate sur son pare-brise, il prend la route pour Prémont chez son ami psychiatre Charles Koberg. C'est en compagnie de ce dernier, de sa femme Annette et d'une charmante rousse, Geneviève, qu'ils découvrent une vidéo digne du pire film d'horreur…Trochin, un psychiatre de l'asile, a été torturé et mutilé de façon horriblement barbare, rappelant des méthodes utilisées en psychiatrie au 19ème siècle pour soigner entre autres les hystériques…

L'inspecteur Mathieu Gambié, amateur lui aussi de 203 et d'histoire médiévale, d'ouvrages sur la chasse aux sorcières, l'inquisition, qui offrent des descriptions détaillées de possédées qui deviendront les hystériques, forme avec Octave un couple atypique pour dénouer les fils de cette ténébreuse affaire. En effet plusieurs meurtres ont suivi le premier dans ces lieux couverts de brume, habités par un passé encore très présent, dissimulant dans ses souterrains d'obscurs cachots, malgré les méthodes médicamenteuses qui semblent plus douces…mais il y a-t-il un remède à la folie ? Les psychiatres ne sont-ils pas menacés d'un sentiment de surpuissance, détenant un pouvoir pouvant facilement déraper ? Et de la camisole de force, contrainte sur les corps, à la camisole chimique, qui agit sur l'esprit, du pouvoir des institutions à celui des laboratoires, le progrès est-il réel ?

Michel Steiner nous offre un polar original, en profitant pour dénoncer certaines méthodes de la psychiatrie, le tout avec beaucoup d'humour, des personnages déjantés à souhait, des dialogues savoureux, des décalages chronologiques qui mêlent les époques, répondre à un portable dans une voiture des années 50 tout en évoquant une bulle papale du temps de l'inquisition… Il pose de vraies questions tout en nous emmenant dans une enquête endiablée, ne nous épargnant pas quelques scènes bien sadiques… Un régal, une belle découverte, même si au final on ne sait toujours pas qui sont les plus fous… les internés ou ceux qui les enferment ?
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