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Critique de JacobBenayoune


Sans doute l'un des chefs-d'oeuvre du roman au XIXème siècle. C'est le roman du sublime, de la grandeur et de l'achèvement (au niveau artistique) qui illustre cette chasse au bonheur ; conception stendhalienne. Et comme dans son premier roman Stendhal choisit un héros singulier qu'on suit depuis son très jeune âge. L'auteur dédie son ouvrage improvisé en cinquante-deux jours au « Happy few », à ceux qui savent jouir, aimer et agissent avec liberté, bref ceux qui sauront déguster son roman. Et tout lecteur est ravi d'en faire partie.

Fabrice del Dongo (un nom à ne pas oublier) passe une enfance médiocre et fastidieuse entre des occupations infructueuses et des jeux triviaux (pas comme celle de Pantagruel en tout cas) mais amusants pour l'enfant qu'il était. Ensuite, il cherche la gloire dans l'action militaire et vit la fameuse bataille de Waterloo que Stendhal, avec art, nous décrit à travers le regard candide (d'ailleurs, on pense à Candide à la guerre) de son jeune héros. Il y rencontre une vivandière sympathique, et blessé, il est reçu cordialement par une famille étrangère. de retour, il sera calomnié par son frère mais sa tante et son amant l'aident et le protègent. Il mène ensuite, plusieurs amourettes jusqu'au jour où il rencontre une comédienne dont l'amant, jaloux, le défie ; cette rixe finira par la mort de ce dernier. Ainsi, il est emprisonné à la tour Farnèse. Là, il rencontre celle qui deviendra son grand amour, Clélia, fille du gouverneur de la citadelle. Son ultime objectif dans sa prison sera de voir sa Clélia et de discuter avec elle. Leur amour grandissant se trouve condamné après l'évasion ingénieuse de Fabrice à cause du voeu fait à la Madone. Clélia se marie, forcée, et Fabrice devient archevêque… je m'arrête là. le livre est une suite de péripéties aussi captivantes les unes que les autres. L'appétit d'écrire augmentait pour Stendhal au fur et à mesure (d'ailleurs son style devient plus majestueux), ainsi que la lecture.

Le réalisme se mêle au romantisme dans ce roman. Voilà justement pourquoi je préfère Stendhal à Balzac et à Musset romancier. On trouve de très belles pages d'un lyrisme suave où s'accumulent beaux paysages, fantaisies, sentiments de joie profonde et intérieure (le bonheur peut se trouver là où l'on s'y attend le moins), promenades solitaires, en plus des fameux passages où Fabrice, en prison, goûte le bonheur extrême et l'amour tendre. le roman a gardé une place pour la politique et l'Histoire, et des personnages comme Rassi et Mosca sont les types du politicien scrupuleux et machiavélique. de même, le roman fait revivre le temps où Bossuet émerveillait par son éloquence ; Fabrice prêchait dans des églises pleines.

Pour finir, on trouve certaines ressemblances entre Fabrice et Julien : les deux sont ambitieux, pris en aversion par leurs pères et frères, aimés par une femme âgée et une jeune vierge, cherchant le bonheur, attirés par la gloire militaire et férus de la légende napoléonienne, or Fabrice vit d'action et d'émotion plus que de réflexion, il est plus indécis.

Un roman à ne pas rater.
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