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Critique de Cosaque


« The real inspector Hound » ou en français « Qui est le véritable inspecteur Dupif ? » joue sur les frontières entre la scène et la salle. Tout en s'amusant des conventions théâtrales, Stoppard en profite pour régler ses comptes avec la corporation des critiques dramatiques, et ce, de manière radicale. Car les deux critiques, qui résument toute la profession, sont abattus sur scène par la machine théâtrale.

L'originalité de la pièce tient dans le fait que deux des personnages sont placés au dehors de la scène et installés parmi le public. Ce type de procédé, qui tend à brouiller les démarcations entre ces deux groupes qui constituent une représentation, est aujourd'hui assez voire très banal, mais en 1968 c'était encore une transgression des codes théâtraux.

Ainsi sur le plateau se déroule un drame policier avec tous les ingrédients traditionnels (un cadavre, un assassin, un téléphone caractériel, un inspecteur avec sa pipe...) alors que de la salle les deux critiques commentent de plus ou moins près l'action. Plus ou moins près, car la plupart du temps ils ne se préoccupent guère de la pièce que l'on joue pour eux. Non, le principal enjeu réside dans la rivalité qui les oppose l'un à l'autre : l'un (Grossabeau) écrase l'autre (Delalune) sous le poids de sa notoriété. Ce Grossabeau étale bien grassement toute sa suffisance et se vante des nombreux succès qu'il remporte auprès des actrices débutantes. le petit Delalune qui semble a priori plus sympathique, car timide, ne rêve, bien sûr, que de prendre la place du grossier personnage. Mais voilà que l'action sur scène, à force d'être interrompue par les deux experts-prescripteurs-dramatiques, prend un tour inattendue : monsieur Grossabeau est réclamé sur le plateau pour répondre au téléphone à l'une de ses jeunes conquêtes. Avec toute sa fatuité habituelle il monte sur scène pour prendre la communication. Or soudainement un coup de feu retentit et Grossabeau tombe raide, le combiné à la main. Stupeur ! Et stupeur d'autant plus saisissante que l'inspecteur chargé de l'enquête est introuvable. Ce pauvre Delalune qui ne rêve que d'être mis en avant endosse le rôle in petto. Bien mal lui en a pris car : « PAN! ». Dès lors, il y a non plus un cadavre mais trois. La chimère théâtrale va néanmoins se faire un plaisir d'intégrer, de digérer ces deux victimes « imprévues ».

The real inspector Hound est une comédie très agréable qui tout en développant un discours sur le théâtre recèle une causticité des plus réjouissantes. À voir, à lire et bien sûr à jouer.
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