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Critique de Shaynning


Incontournable Mai 2023


Il fallait bien que ça arrive un jour: je veux dire, après son moment de gloire au cinéma, merci à Tom Hiddleston pour l'avoir incarné de manière si divertissante, voici que débarque en littérature jeunesse en tant que premier personnage, le "Primo Personae" ( aucune idée si ça se dit, mais ça sonne bien!), la Diva du moment et le protagoniste anti-héro par excellence, le sublimissime, l'incontournable et le moins modeste d'entre tous les Asgardiens, j'ai nommé: Loki, Dieu des calamités, de la ruse et du chaos ( entre autres appellations), Dieu D'Asgard de son état. Il n'en faut pas moins d'une introduction en règle pour un tel personnage.


Une fois est définitivement coutume dans son cas, Loki commet une action fâcheuse sur la personne de la déesse Sif en lui coupant les cheveux ( entre autre, certains détails ne seraient pas appropriés pour les chastes oreilles du lectorat intermédiaire, tout de même). Odin décide que c'est la goutte qui fait déborder le pichet de bière et imagine une punition "mortelle". Loki deviendra, le temps de sa punition sur Midgard ( notre monde de "mortels), un presqu'ado de 11 ans, dans un corps ingrat plutôt môlasse qui ressemble vaguement au sien, en beaucoup moins classe. Je ne l'invente pas, c'est en page 14, illustration à l'appui.


Le roman est donc le carnet magique dans lequel Loki devra consigner ses actions et ses pensées durant le mois à venir, qui peut lui répondre et apporter des modifications au besoin, en cas de mensonges surtout. En début de chapitre, vous trouverez le "pointage" de Loki, qui est situé à -3000 et qui va passer la majeure partie du carnet à décroitre au rythme des conneries que fait Loki. Afin de garder un oeil sur son enfant terrible, Odin mandate Heimdall, le Dieu protecteur du pont arc-en-ciel et entrée d'Agard, qui déteste Loki, ainsi que Hyrrokkin, une géante qui possède un char dont les reines sont deux serpents. S'ajoute à leur "famille" le très tape-à-l'oeil et proto-Mâle Alpha en personne, Thor, Dieu de la foudre et des éclairs et accessoirement frère adoptif de Loki. Durant son séjour, Loki passe la majeur parti de son temps à faire la mauvaise chose ou s'apitoyer sur l'injustice de sa situation. Tout-de-même, s'il ne parvient pas à passer à un score de +3000 d'ici la fin du mois, son sort consiste à passer l'éternité en compagnon d'un serpent ( Ce supplice est "véridique" et implique même la femme de Loki, Sygin, qui utilise une coupe pour cueillir le venin qui goutte vers son époux, mais comme il faut la vider une fois de temps en temps, forcément, Loki en reçoit sur le visage dans l'intervalle, dont les hurlement de souffrance font trembler la terre. On rigole tous les jours à Asgard!).


C'est une lecture conçu pour être drôle et même un peu satyrique sur les bords. J'y ai vu beaucoup de contre-psychologie, des réalités humaines moqués ( comme notre dépendance maladive aux écrans et nos codes sociaux parfois débiles) et il contient des références amusantes. Bien sur, il existe donc un degré d'absurdité dans ce récit, ce serait-ce que par la bêtise des personnages, pourtant figures mythologiques des vikings et donc normalement violent, rusés et sur-puissants. Rien de tout ça ici. Même les géants des glace, traditionnellement des ennemis des Asgardiens, sont assez tartes, employant des plans de kidnapping foireux impliquant des sacs à patate et des ruses d'enfants. Il ne faut donc pas espérer y trouver quelque chose de très concordant avec la réelle mythologie nordique, on est pas trop dessus. Néanmoins, l'univers rappelle celui qu'en ont fait Marvel avec les super-héros Avengers, dont Loki en est le premier antagoniste. On a le même duo Thor/Loki chamailleurs, incapable de travailler en équipe sans se faire des crasses ensuite, mais dont on sent la cordre fraternelle résonner légèrement. Tout comme dans les Avengers, Thor est dépeint comme le beau gosse puissant, mais bêta, alors que Loki est roublard, mais trop diva. Ils sont ici dépeint comme des frères en rivalité, mais dont les frustrations de Gros Mâle Alpha traduisent surtout une incapacité à verbaliser leur ressenti et communiquer de manière efficace. En cela, Loki et Thor sont assez typique de certains gars dans le monde réel, je trouve.


Thor, parlons-en, c'est l'archétype bien connu du Duch-Bag blond à carrure de joueur de football américain, soit le "beau" gars qui muscle son corps, mais pas sa tête, se trouve drôle avec son humour anal et pour une raison étrange ( là dessus je comprend Loki) ça plait à moult humains, garçons comme filles. D'ailleurs, merci à l'autrice de donner aux gars la chance de baver sur Thor au même titre que les filles, ça fait changement! Thor n'est peut-être pas un benêt pur et dur, mais disons qu'il manque de stratégie et de clairvoyance. Il a clairement de la colère pour son frère égocentrique et chroniquement machiavélique, mais on sent qu'il ne déteste pas vraiment son frère. Lui donner le rôle de la vedette de l'école sportive et populaire, c'était prévisible, mais cohérent.


À ses côté, Loki est son pendant contraire. Maigre, le cheveux foncé, le sourire narquois aux lèvres, Loki complote, conspire, ruse et réfléchit. Il se voue beaucoup trop d'importance, en bon narcissique, qui a défaut d'avoir de l'estime personnelle, s'en invente à outrance. En conséquence de quoi il manque de modestie, amplifie ses exploits et se hisse sur tous les podiums, avant de se faire remettre à l'ordre par le carnet ( Grand bien lui fasse, d'ailleurs). le monde tourne autours de lui et quand il n'est pas un être génialissime, il est une victime. Loki est drôle pour toutes ses raisons. Il se fait souvent des réflexions dans le fond censées, mais la forme, immorale. Ce qui le sert LUI est forcément estimable. Il voit en noir ce qui est en blanc, prend pour "bien" ce qui ne l'est pas. Il me rappelle Megamind ou encore Dark Lord ( trilogie de romans jeunesse intermédiaire qui a fait sensiblement comme ce roman, mais avec une version ado de Sauron, Seigneur des anneaux de Tolkiens). Bref, un anti-héro qui doit tendre vers la bienveillance. Tout un paris! Je remarque aussi un élément de Loki que j'apprécie: La question du genre. Loki est un métamorphe, il a donc déjà été animal ou autre dans les DEUX genres. Pour lui, la question d'attitrer des choses aux genres ou pire, de "viriliser" le genre masculin est absurde. Aussi, Loki observe des choses des humains sur lesquelles il voit juste. N'oublions pas que s'il a une notion du mal clairement déphasée, il reste généralement malin.


Je glisse un mot sur Valérie, personnage féminin secondaire de son état, qui croit aux extra-terrestre, trippe équitation et trouve nos deux héros louches. Elle est du genre marabout et détonne par arpport aux autres, mais c'est cette différence qui la rend attachante. Attention, elle n'est pas méchante, elle n'a pas de traits particulièrement communs à Loki ( ce que j'aurais trouvé de mauvais gout), mais elle a en revanche cette faculté à ne pas sombrer dans le fanatisme facile face aux vedettes comme Thor et compères. Bref, je devine assez bien le rôle qu'elle tient face à Loki, c'est-à-dire celui de "modèle positif" et "complice potentielle". Mieux encore, elle ne tient pas le rôle de la "petite amie". Petit détail important pour la représentation de la communauté LGBTQ+, Valérie a deux mamans.


Il m'a néanmoins semblé "facile" la prise de conscience de Loki vers la fin. Il aura passé tout le roman a faire de travers et là, dans une révélation digne d'une épiphanie, il comprend qu'il a merdé.
Mais bon, on s'y attend un peu, car il faut bien que Loki reste dans ce monde pour qu'il ait d'autres tomes, pas vrai? Ce n'est pas un roman qui propose tant un contenu d'action qu'un contenu de contexte: Il y a beaucoup de travail sur la perspective de Loki sur sa situation, sa vie et son identité. Il parle beaucoup et détaille abondamment, ce qui laisse peu d'action au final. Ce n'est pas un constat négatif, au contraire, c'est justement l'idée que de cotoyer le personnage ambigu et complexe qu'est Loki.


Le tout est illustré comme le sont moutl romans de ce genre, tels que Dark Lord, Kate mène l'enquête, Journal d'un dégonflé, etc. Je suis convaincue que mes amateurs et amatrices de journal intime humoristique vont adorer. Les personnages sont drôles, dans un registre graphique simple de traits au feutre noir. Loki a toute sorte d'expressions qui lui vont assez bien. Quand le carnet "parle", le texte est dans un encadré à la bordure sophistiquée et toute sorte d'ajouts graphiques viennent meubler le roman.


Bref, un bon livre pour rigoler et brasser quelques vieux clichés ringards, le tout dans un français qui s'en être poétique, est quand même de bonne qualité. Avis aux amateurs d'histoires déjantés et loufoques qui aurait envie de tâter de la mythologie viking en passant!


Pour un lectorat du troisième cycle primaire, 10-12 ans ( mais les 9 ans habitués de la lecture peuvent s'y risquer sans problèmes).

Catégorisation: Roman Fantasy anglais, littérature jeunesse intermédiaire, troisième cycle primaire, 10-12 ans
Note: 7/10
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