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Critique de Aela


"Rappelle-toi: notre seule arme c'est de rester en vie, et pour rester en vie, nous devons aimer, nous devons donner, et, malheureusement nous devons souffrir." Ces quelques mots illustrent la force d'âme des héroïnes du roman, Ester et Ana, l'une juive l'autre pas, nées en Pologne à Lodz et qui vont connaître l'horreur du camp d'Auschwitz Birkenau.

L'auteure du roman, Anna Stuart, est consciente de cet honneur et de ce grand sentiment de responsabilité que donne le fait d'écrire sur cette page sombre de notre Histoire. Il est quasiment impossible de retranscrire avec des mots l'horreur de la vie des prisonniers. Néanmoins chaque élément du roman est le fruit de recherches sérieuses.

On s'attache déjà aux deux héroïnes, Ana et Ester dont les professions sont de défendre la vie: Ana est sage-femme et Ester est infirmière. Ana a mis Ester au monde et va être arrêtée en raison de ses activités de résistance.

Les souffrances qu'elles vont vivre ne vont pas atteindre leur foi en l'avenir et l'amour qu'elles portent pour leurs maris. Dans la vie quotidienne, les solidarités et les efforts de survie vont se succéder.

Le personnage d'Ana est inspiré par une sage-femme polonaise qui a réellement vécu: Stanislawa Leszczynska. Sa famille et elle ont aidé les Juifs reclus dans le ghetto et elle a été envoyée dans les camps. Elle a mis au monde environ 3 000 bébés à Birkenau. Compte tenu des conditions de vie effroyables, très peu de bébés ont survécu longtemps. Elle est connue pour avoir osé tenir tête à Josef Mengele. Bien plus tard, sur la demande de son fils, elle a écrit un bref rapport sur son séjour et sur le calvaire des mères et des bébés. Elle déclare qu'à partir de 1943 les enfants blonds étaient envoyés dans les Lebensborn (les pouponnières) pour être adoptés dans des familles allemandes.

Tout cela se retrouve dans le livre. On souffre avec les héroïnes et on a du mal à imaginer toute la peine qu'éprouvent ces mères à qui on arrache le bébé dès la naissance, quand ce n'est pas pour les faire mourir.

Ce qui nous tient en haleine aussi, c'est l'espoir qui se dégage de ces pages. Les femmes s'entraident et font tout pour pouvoir retrouver un jour leurs enfants ou du moins garder l'espoir de les retrouver, en tatouant ainsi leurs numéros de déportées sur un coin de l'aisselle de ceux-ci.

Au delà de ces récits poignants, de grandes pages historiques sont bien rendues dans ce livre: les personnages réels apparaissent comme l'effroyable tortionnaire gardienne de camp Irma Grese, connue pour son sadisme, et qui sera pendue en 1945 à l'âge de 22 ans.

Les marches de la mort sont évoquées avec beaucoup de précisions historiques; il s'agit des marches forcées lorsque les nazis font évacuer les camps en 1945 à l'approche des Russes.

Un autre événement bien rendu est celui de l'insurrection de Varsovie en août 1944 ( à ne pas confondre avec l'insurrection du ghetto de Varsovie). L'objectif était que les rebelles locaux prennent le centre de Varsovie afin de préparer le terrain pour l'entrée des troupes soviétiques par l'est. Les Polonais avaient fait leur part mais les Soviétiques ont ignoré leurs tentatives de contact radio et n'ont pas dépassé les limites de la ville. Les historiens ne s'accordent pas sur les raisons de ce manque d'aide. Cela a abouti à un siège prolongé pour les habitants de la ville. Les Allemands vont reprendre la ville après de lourdes pertes chez les Polonais.

Tout cet aspect historique est magnifiquement rendu et ajoute à la qualité du roman. A lire par tous ceux qui s'intéressent à la seconde guerre mondiale et à ceux qui aiment les héroïnes au caractère fort, et capables de défier l'adversité.
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