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Critique de Nastasia-B


Non loin de chez moi, il y a une belle forêt toute colorée d'or, de pourpre et d'ocre pour quelques jours encore. Avant qu'elle ne se dépouille totalement de ses mille joyaux, c'est un véritable émerveillement que cette forêt parsemée de plans d'eau plus ou moins grands, vestiges d'une intense activité d'extraction de ballast. Auprès de l'un de ces étangs, j'aime à me rendre, par un matin calme, quand la nature est, comme aujourd'hui, si belle et qu'elle se livre aux regards impudiques qui la dévoilent de pied en cap.

Çà et là, des troncs ont chu, baignant leur large et ancienne ramure sur les berges ou plus avant dans les eaux qui peuvent atteindre une assez belle profondeur en raison du creusement délibéré de telles dépressions. Ces troncs, petits ou gros, vivants ou morts, dans leur port horizontal sont autant de merveilleux perchoirs qui ravissent une multitude d'oiseaux aquatiques.

Ce matin, le 11 novembre, un magnifique soleil blond survolant la surface des eaux éclairait en douceur et en subtilité tous ces nuages de feuilles qui se massaient sur les bords en se réfléchissant au loin, et dont les nuances allaient du vert finissant à l'ocre brun en passant par le moelleux éclatement des jaunes.

Une foule d'oiseaux profitaient, comme moi, de se spectacle rare et apaisant, moi pour les observer, eux, pour s'apparier. C'est en effet la grande période des parades nuptiales. Les mâles des différentes espèces de canards arborent désormais leurs si belles couleurs qu'ils avaient perdues durant l'été.

Outre les sempiternels canards colvert et foulques macroule, on y voyait le spectacle toujours si grandiose et ravissant du rituel de la pariade chez le canard chipeau. Un fort élégant mouvement de tête partant le bec dans l'eau et s'élevant de toute son amplitude jusqu'à ce que le front touche presque l'insertion des ailes, émettant au passage une note flûtée et soulevant une goutte d'eau au dessus de sa tête.

J'avais oublié combien cette parade nuptiale du mâle chipeau ressemble à celle du mâle sarcelle d'hiver.

Les colverts tournoyaient régulièrement au-dessus de l'étang avant de se reposer à quelques dizaines de mètres de leur point d'envol. Trois ou quatre mâles se relayaient pour épuiser une femelle jusqu'à son acceptation de l'accouplement.

Les foulques, de leur vol gauche et bruyant, couraient sur l'eau plus qu'elles ne volaient et s'ébattaient avec force éclaboussures dans un but manifestement similaire aux quelques autres espèces.

Chose plus rare et plus discrète, les timides fuligules morillon, une petite dizaine de juvéniles, m'a-t-il semblé, s'engageaient dans leur toute première parade nuptiale avec moult plongeons.

Des grèbes, petits et grands, accompagnaient cette performance. Il s'agissait du minuscule grèbe castagneux et de son grand cousin le grèbe huppé.

Le spectacle n'eût pas été total sans la ronde ténébreuse des grands cormorans qui s'attardent souvent sur les troncs les plus éloignés, ailes déployées et jabot au vent. Certains, même, s'oublient de longs moments sur les branches hautes des chênes, des saules ou des peupliers qui surplombent l'étang.

Tout ce spectacle m'a fait penser à un sublime ouvrage de peinture de Maynard Reece, qui malheureusement n'est plus édité, et qui s'intitulait La Féérie Des Oiseaux D'Eau.

Vous aurez probablement constaté que j'éprouve un rare et intense plaisir égoïste à mes sorties ornithologiques et j'ai toujours dans mon sac mes deux fidèles compagnons : ma paire de jumelles et mon guide ornitho.

Le seul, l'unique, le vrai guide de terrain. Précis, commode, exhaustif, maniable, clair, superbe, sobre tout en étant détaillé, en un mot, indispensable (et inégalable mais cela fait deux mots !). D'autres guides ont leur charme et leurs qualités, mais quand vous aurez essayé celui-ci, vous ne jurerez que par lui. Les illustrations de Killian Mullarney sont exceptionnelles (j'aime un peu moins celles de Dan Zetterström). Je vous le conseille donc, lui plus que tout autre, mais ce n'est là que mon avis, un tout petit avis sous le soleil de novembre, c'est-à-dire, bien peu de chose.
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