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Critique de batlamb


(Pas de balise anti-divulgâchage dans ce billet, donc lisez la suite en connaissance de cause). Ce tome marque le stade du dévoilement de la cité des Anciens, puis de son exploration, jusque dans ses profondeurs. Les parties plus explicatives sur l'histoire de cette cité (lors de l'observation des bas-reliefs) ne donnent plus lieu aux indigeste logorrhées lovecraftiennes de l'oeuvre d'origine, mais à des doubles pages apocalyptiques où cet univers jusqu'ici statique amorce sa mise en mouvement, mais toujours avec une certaine distance, analepse oblige. le clair-obscur ainsi que la confusion des formes grouillantes et peu identifiables permettent de jouer sur la suggestion autant que sur l'horreur frontale, mélange efficace s'il en est. Cette insertion du passé au sein du présent renforce l'aspect psychanalytique de l'oeuvre : le shoggoth, image même de l'horreur et du chaos, remonte vers la surface et le présent à la façon d'un traumatisme enfoui dans l'inconscient.

Par sa densité graphique réminiscente d'un Jérôme Bosch, la partie des bas-reliefs est la plus impressionante du manga. Selon moi, elle éclipse même la confrontation avec le shoggoth, plombée par la réaction ridicule des deux protagonistes, qui prennent le temps de se remémorer à voix haute les Aventures d'Arthur Gordon Pym plutôt que de prendre la poudre d'escampette : pour le coup c'est un très mauvais choix de transposition de la partie narrative de l'oeuvre originale. Et encore une fois, les gros plans sur les visages effarés des personnages s'avèrent trop nombreux et répétitifs, si bien que l'horreur éprouvée par Danforth à la toute fin ne semble pas très distincte de ses émotions précédentes : voilà un second point que Lovecraft avait mieux négocié. J'avais d'ailleurs trouvé que la fin de sa nouvelle était le seul passage à peu près réussi, et c'est paradoxalement là que Tanabe me convainc le moins, rattrapé par sa représentation trop monolithique des émotions des personnages. Même si son adaptation me rend cette histoire bien plus plaisante, elle est donc loin d'être parfaite. Il faudrait amputer les moins bonnes parties de la nouvelle et du manga, puis les recoudre entre elles. J'appelle un Ancien pour l'opération, leur talent en matière de dissection n'étant plus à prouver.
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