AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de LaGeekosophe


Dans la toile du temps d'Adrian Tchaikovsky avait tout de suite attiré mon regard intéressé. Après tout, il s'agit d'une histoire mettant en scène une rencontre, un premier contact, entre une humanité au bord de l'extinction et une race d'araignées géantes sur la courbe ascendante de l'évolution.

J'ai beaucoup apprécié le postulat de l'auteur. Nous sommes dans une optique post-apo, avec une humanité sur le point de disparaître qui survit sur une arche à travers l'espace. Ils sont à la recherche d'une planète prête à les accueillir, car une culture ancienne était capable de terraformer des exoplanètes. Avrana Kern, chercheuse de génie mais aussi sympathique qu'une porte de prison, a tenté d'ajouter à sa planète une espèce de serviteurs prêts à utiliser. Mais dommage, au lieu de sympathiques créatures simiesques, ce sont des araignées qui vont en plus gagner en taille et en ingéniosité, le rêve de tous les arachnophobes, qui vont hériter d'un nanovirus accélérant leur développement au fil des siècles.

Ces idées permettent à Adrian Tchaikovsky de développer des réflexions parfois très profondes. le roman aborde évidemment des questions très Darwiniennes d'évolution et d'apprentissage. Nous sommes face à deux espèces, deux cultures, qui sont à un stade différent de leur évolution, toutes deux cherchant à survivre. Il est d'ailleurs intéressant de voir comment les araignées développent des sensibilités artistiques et architecturales, des modes de communication aussi efficients que ceux des humains, mais différents car leurs anatomies divergent. La question de la religion est aussi présente, des deux côtés, puisque les hommes touchent quasiment à l'immortalité et que les araignées développent leur propre croyance. le genre aussi, puisque chez les araignées, les femelles sont plus grandes que les mâles, plus fortes, et imposent donc leur société. En somme, c'est de la hard SF comme j'aime.

Pour ce type de SF, la construction des personnages peut être un point faible. Dans la toile du temps évite l'écueil grâce à un bon sens de la caractérisation qui rend les personnages crédibles, mais pas forcément toujours attachants. La plupart des humains campent leur rôle et ne m'ont pas gêné plus que cela à défaut qu'il y en ait qui s'élève de la foule. Hormis Avrana Kern, que l'on voir finalement assez peu, mais dont l'entrée en matière fracassante et le côté froid et jusqu'au boutiste a le mérite de nous mettre très au clair avec sa personnalité. le linguiste et l'ingénieure humains sont sympathiques mais sans marquer les esprits, il n'est pas déplaisant de les voir.

Côté arachnides, la façon dont leur société est structurée se lit très bien à travers les personnages. Ainsi, les araignées existent en clan et en familles et l'auteur a pris le parti de nommer les chefs de ses familles toujours de la même manière. le procédé implique une continuité héréditaire des savoirs et des comportements. Portia est par exemple une araignée qui a lancé l'évolution très tôt et aura souvent un rôle de pionnière et d'exploratrice. Bianca développera un comportement de scientifique brillante mais à la marge des conventions sociales. Quant à Fabian, c'est un mâle courageux, bridé par sa situation de mâle, et intelligent. Leurs caractères et aspirations sont très bien décrits par Adrian Tchaikovsky, ce qui les rend étrangement attachants.

Le récit alterne entre les points de vue des araignées et ceux des humains. Il nous permet de constater les évolutions et les destructions des deux côtés, de voir les divergences et les convergences dans la façon de raisonner et de se sortir des situations épineuses. Il est également assez divertissant de voir que certaines actions menées par les humains ont des impacts que les araignées ne parviennent pas à comprendre et interprètent de manière partielle ou erronée pour coller à leur propre système de valeur. de la même façon, les humains ne considèrent pas les araignées comme des créatures intelligentes car elles ne leur ressemblent pas.

Mais cette narration double a les défauts habituels de ce type d'écriture. Nous sommes dans un schéma classique où deux parties existent et évoluent séparément dans le texte, en ne se croisant qu'à de brèves occasion jusqu'au climax. L'histoire doit progresser de manière identique dans les deux diégèses. C'est bien sûr très complexe. Et c'est clairement la partie des humains qui pâtit parfois de longueurs et d'idées narratives moins riches et captivantes. du coup, on se retrouve souvent à adorer les passages avec nos arachnides et à soupirer lors des retours avec les humaines.

J'ai beaucoup aimer ce voyage dans le temps et l'espace ! Tchaikovsky a une plume agréable et précise. Les passages qui concernent l'évolution des araignées sont passionnants et immersifs, il parvient à rendre attachante ces petites bêtes malaimées et à leur donner un fonctionnement et un mode de société uniques. le bémol va aux passages avec les humains, qui n'étaient pas aussi fascinants malgré des idées intéressantes. L'histoire souffre du syndrome de devoir mener deux récits à la fois qui doivent se retrouver à un point du roman, du coup on a l'impression qu'un point de vue a dû être artificiellement étendu. Sinon, c'est une très bonne lecture, originale et audacieuse.

Lien : https://lageekosophe.com/
Commenter  J’apprécie          130



Ont apprécié cette critique (13)voir plus




{* *}