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Critique de mh17


Quel bonheur de parcourir la Steppe de Tchekhov !
A l'aube d'une belle journée de juillet vous embarquez dans une vieille calèche brinquebalante. A son bord, outre l'imposant cocher, le père Christophe un moine original, épicurien et bienveillant ; le marchand de laine Ivan ivanovitch Kouzmitchov toujours préoccupé par l'argent et puis son neveu orphelin de père, le petit Iegorouchka à la chemise rouge. il pleure car sa mère l'envoie étudier loin de son village et du cimetière où dort sa grand-mère chérie. C'est avec la sensibilité à fleur de peau du petit garçon que vous découvrez l'immense steppe, ennuyeuse et envoûtante, sous son soleil brûlant. Elle s'anime, étouffe, se réjouit, chante selon les moments de la journée. Vous vous étonnez de trouver sur le parcours au beau milieu du vide, un aubergiste juif hospitalier et son frère moins commode, comme tout droit sortis de la Bible. le petit est somnolent quand il voit apparaître une belle Comtesse polonaise et qu'il entend des propos inquiétants à propos de ce Varlamov qui rôde au-dessus de la steppe comme un vautour. Dès l'aube du deuxième jour, le petit est confié aux rouliers. On le juche sur un tas de foin et il peut savourer son pain d'épices en contemplant le ciel bleu. Quand le soir tombe, des ombres noires envahissent le ciel et il se sent bien seul. le lendemain matin le convoi fait halte, le petit Iegor plonge gaiment dans l'eau fraîche et assiste à une partie de pêche à l'écrevisse. Vous découvrez le rude quotidien de ces rouliers mais également leur imaginaire fabuleux, effrayant et puis aussi leurs rêves brisés. Inoubliables personnages. Dymov le fort qui cherche querelle à tout le monde car il s'ennuie ; Vassia qui entend la plus petite des bestioles et qui croque des poissons vivants, Emelian le chantre qui a perdu sa voix mais qui continue de battre la mesure. le vieux sage Pantelei qui a tant vécu et qui a les doigts de pieds gelés et puis Constantin, l'amoureux solitaire. le voyage durera six jours et vous aura marqué.
Récit initiatique, reportage, épopée, suite musicale, poème en prose lyrique, il est très difficile de ranger l'immense Steppe dans un petit tiroir et c'est tant mieux. Voilà ce qu'en disait Tchekhov lui-même : "Chacun des chapitres forme une nouvelle à lui tout seul, et tous les chapitres sont liés comme les cinq figures du quadrille, par une intime parenté. Les tableaux se chevauchent, se bousculent, l'un cachant l'autre… Cela finit par être nuisible à l'intérêt général, et le lecteur s'ennuiera et crachera dessus. Mais c'est mon chef-d'oeuvre, et je suis incapable de faire mieux ».
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