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Critique de mh17


L'homme à l'étui est le premier volet de la petite trilogie de 1898. Les deux autres sont Les Groseilliers et de l'amour. C'est une courte nouvelle amusante et cruelle de quelques pages initialement publiée dans La Pensée russe.
Ivan Ivanytch, un vieux vétérinaire et son compagnon de chasse Ivan Bourkine, un professeur de lycée, passent la nuit dans une grange. Ils discutent et la conversation en arrive à Mavra, la femme du staroste qui les héberge. Depuis plus de dix ans, elle ne quitte pas son poêle de la journée et ne prend l'air qu'à la nuit tombante. Bourkine se souvient alors de l'histoire tragique de son collègue Biélikov. Celui-ci était un professeur de grec. Eté comme hiver, il était engoncé dans un pardessus ouaté, chaussé de bottes en caoutchouc et tenait dans un étui un parapluie. Tout chez lui était emballé, empaqueté, protégé. Au collège il ne supportait pas la moindre nouveauté, se jetait sur la moindre circulaire d'interdiction et faisait régner un autoritarisme puritain terrible dans toute la ville. Or un jour arrive un nouveau professeur et sa soeur. Deux Ukrainiens exubérants. Mikhaïl Kovalenko, un colosse aux mains énormes et à la voix de basse et puis Varia, la trentaine pétillante, toujours en train de rire et de chanter...

La nouvelle est foncièrement pessimiste même si on sourit beaucoup. le rire est d'ailleurs tragique dans l'histoire. Elle est courte, magistralement construite avec le récit enchâssé et le retour de Mavra à la fin. Les dialogues sont savoureux, il y a aussi des petits clins d'oeil littéraires. On peut en faire une lecture réaliste, philosophique ou politique. On peut voir en Belikov, un Alexandre III paranoïaque qui tue dans l'oeuf les tentatives de réforme, la liberté, la jeunesse avec la complicité de tous ses fonctionnaires médiocres englués dans leurs petits privilèges. Tout le monde vit dans la peur. Et puis quand le despote meurt qu'est-ce qu'il se passe ? Rien. Les individus ne changent pas et demeurent asservis aux conventions sociales. Même à la campagne, en pleine nature, Mavra l'humble fermière reste prisonnière. La liberté n'existe pas ici bas.

Lu gratuitement sur le blog de Michel Tessier. On la trouve aussi sur le site de la beq.
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