AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de MadameTapioca


Les voit-on encore ? Ne sont-ils pas devenus un peu invisible ? Est-ce qu'on ne finit pas par s'accommoder de la misère ?

Ernst, Jul et Ilmiya vivent dans la rue. Ils sont clochards (on dit SDF de nos jours comme si clochard était un gros mot).
2 hommes et 1 femme. Un trio de pro de la cloche.
Ce ne sont pas des novices de la rue, ils ont déjà une longue expérience de cette vie.
Ils sont déjà bien abimés. Ils font partie de la cohorte des damnés de notre société.

Mais attention, la rue c'est un métier.
Faut connaitre les bons endroits pour faire la manche, les lieux où dormir, les meilleurs spots pour se prostituer vite fait, pour se fournir en crack et en bière.
Avec eux, vous allez découvrir les embrasures de tous les Monoprix , Leader Price, Franprix de la capitale et les meilleurs coins de trottoirs ou parking pour poser votre carton.
Vous allez aussi connaitre le froid, la violence, l'alcool et l'ennui, l'ennui, l'ennui.

L'auteur nous décrit le quotidien de ces trois personnages, attachants, chacun dans leurs travers respectifs.
Le jour où notre trio tombe sur une petite annonce de recherche d'un chien perdu avec grosse récompense à la clef, ils s'engagent tous les trois dans une odyssée loufoque à travers Paris. Ce chien, cette récompense, c'est un ticket pour un avenir meilleur.

« Vies déposées » c'est une immersion dans la grande exclusion avec une écriture qui est un savant mélange d'oralité, d'expressions populaires et de belles phrases.
Un dosage parfait d'ironie, de burlesque et d'empathie qui nous fait assister à la lente désagrégation – pas si lente – des malchanceux, des clodos, des toxicos, des punks, des migrants, des fous, des prostitués.
Un livre où tout sonne juste, profondément réaliste mais, étrangement, pas larmoyant.

Je rajoute que j'ai vraiment apprécié que l'auteur mette une femme dans cette histoire. Les femmes sont de plus en plus nombreuses à vivre dans la rue. Si notre société est violente, elle l'est encore plus avec les femmes. Ne l'oublions pas.
Commenter  J’apprécie          150



Ont apprécié cette critique (9)voir plus




{* *}