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Critique de colimasson


PTDC, donc, marche en équilibre sur l'étroite corde qui sépare le discours de la science du discours de la spiritualité. Son kiff, à PTDC, aurait été de fusionner ces deux discours mais il n'a malheureusement pas compris qu'il ne s'attaquait qu'à des discours et c'est ce qui l'a perdu. Il croyait toujours atteindre l'essence cachée et ultime de la vie. C'est ainsi qu'on découvre, à travers ses nombreux livres qui parlent plus ou moins tous de la même chose, le travail d'un homme bien brave dans le fond qui utilise la science pour construire une théorie spirituelle qui se ne base sur rien, sinon sur des croyances et des espoirs très personnels. Ce n'est pas que PTDC est une brêle. Non, il connaît très bien ses manuels d'histoire de la vie sur terre et de biologie moléculaire, il a même fait de la bio-archéologie, c'est dire, mais il se sert de tout ça pour émettre des hypothèses sur le sens de la vie alors que ça n'a pas grand-chose à voir.


Il nous dessine un petit graphique avec, sur l'axe des abscisses, la taille croissante d'organismes vivants et, sur l'axe des ordonnées, le degré de complexité de ces mêmes organismes - degré de complexité qu'il réduit à la quantité de molécules qu'ils contiennent, comme ça, au hasard. Il obtient alors une courbe asymptotique et il en déduit que le phénomène de la vie tend vers quelque chose - ce quelque chose étant, vous l'aurez compris, lié à l'apparition de l'homme sur terre. Je vous épargne les majuscules qui abondent dans ce livre pour mettre en valeur n'importe quel terme : Homme, Vie, Matière, etc. On est dans le culte jusqu'au bout du stylo.


La méthode de PTDC est simple : il constate un fait (la complexification croissante des organismes) et, partant de l'axiome que toute chose possède un but intrinsèque, il en déduit par élimination que ce but ne peut être autre qu'un enroulement de l'Univers sur lui-même, s'intériorisant jusqu'à une plus grande complexification. L'Homme étant, bien sûr, le principal représentant de ce phénomène. du particulier au collectif, PTDC délire ensuite totalement et se met à aligner des hypothèses toutes plus désespérées les unes que les autres :
« Ce qui me paraît devoir caractériser une Humanité accédant, dans quelques millions d'années, aux zones « polaires » de l'hémisphère symbolique où elle se ramasse, c'est un état supérieur de réflexion collective se traduisant non point du tout par une dilatation et une diversification toujours plus grandes de notre champ d'affectivité et de connaissance, mais bien plutôt par une vision du Monde toujours plus étroitement localisée. […] L'Humanité finira quand, ayant enfin compris, elle aura, par une Réflexion totale et finale, tout ramené en elle à une Idée et à une Passion communes. »


Presque à la fin du bouquin, PTDC remarque qu'il est un peu pris au piège. En effet, une intériorisation vers plus de complexité ne peut aboutir qu'à l'autodestruction du système sous la forme d'une implosion. Heureusement, tout ecclésiaste qu'il est, PTDC trouve la solution en passant d'une sphère à une autre et en imaginant un autre plan de vie que pourra atteindre l'Humanité lorsqu'elle aura passé un certain seul décisif (un genre de saut de la foi) : « Sous peine d'être impuissant à former la clef de voûte pour la Noosphère, « Oméga » ne peut être conçu que comme le point de rencontre entre l'Univers parvenu à limite de centration et un autre Centre encore plus profond, -Centre self-subsistant et Principe absolument ultime, celui-là, d'irréversibilité et de personnalisation : le seul véritable Oméga… »


On découvre donc que le problème est définitivement aporique et que pour s'en sortir et éviter les questions dérangeantes, PTDC propulse son Humanité totale vers un autre monde encore totalement inconnu de nous, un peu à la manière dont je balance le sac poubelle de la cuisine par la fenêtre lorsqu'il est plein pour lui faire enfin connaître le grand air.
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