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Critique de LivresBouddhistesZuiHo


UN OPUS PHILOSOPHIQUE ET METAPHYSIQUE MAGISTRAL, EXPLOSIF, INCONTOURNABLE !!!

« Il n'y a pas non plus de personne à éveiller puisqu'il n'y a personne ».
« L'éveil est tout simplement la disparition de « Qui », ce n'est que cela et rien d'autre ».
« L'éveil n'est pas un événement, car il se passe en vérité moins de choses que s'il ne se passait rien ».
« Un insondable silence qui EST, contenant tout ce qui existe« .
Tout cela, est-ce l'éveil ? Ou le samadhi ?

Toutefois, Attention ! Voici le premier ouvrage de Franck Terreaux, qui philosophiquement, dynamite sans peur tout ce qui se dresse devant lui !
Ca philosophe dur ici, à coups de marteau ! Accrochez-vous bien ! Car cette philosophie, très dense, en même temps qu'elle soit une véritable aventure pour la réflexion, va vous demander un gros travail d'abstraction, un vrai remue-méninges : pas fait pour les paresseux intellectuels ! Et le titre est trompeur : Franck Terreaux a beaucoup cheminé avant de parvenir à la conclusion que l'Eveil est accessible aux paresseux.
de plus les idées de l'auteur semblent inspirées nettement et beaucoup de celles du Chittamatra et du Ch'an/Zen das cet ouvrage, voire du Tao, et de l'Advaïta.

Néanmoins, c'est l'un des livres les plus importants et stimulants que j'ai lu en 35 ans. Un des meilleurs de ce siècle, pour sûr. Il va vous écraser.
Un livre fondamental donc, qui nécessite de la réflexion, et de multiples lectures minutieuses. Un sérieux concurrent à Daniel Morin.

L'ouvrage est une discussion entre deux personnes sur le quai d'une gare. Un vrai tour de force pour exprimer des notions et cheminements d'idées dans un langage simple, abordable. Et les notions et idées s'enchaînent intelligemment et offrent de multiples surprises. Franck Terreaux semble avoir penser comme peu ont pensé avant lui, l'accordeur de piano.
Toutefois, Franck Terreaux pose d'innombrables questions et apportent autant de réponses : ce qu'il nous dit est mûrement réfléchi et il sait où mener sa barque. Seulement, ses textes ont soulevé d'innombrables questions pour moi.
Voici ce qu'il en est, où je reformule ou cite directement :

« Il n'y a rien d'ennuyeux à être là simplement« . le sentiment d'être vivant n'est pas ennuyeux.
Avant la personnalité, il y a l'Être-vie. Avant la conscience d'exister, il n'y avait que l'être et la vie. La vie préexiste l'existence. « La vie c'est comme au cinéma » ajoute Franck Terreaux.
L'existence d'un « Je » complique considérablement simplement le fait d'être simplement en vie, de laisser couler la vie en soi sans y attacher quoi que ce soit de plus : surtout pas soi !
Et pourtant, il semble qu'une « Personne » existe, mais tant qu'elle n'est pas désignée (par qui ? Les autres font de chacun une convention), la « personne » n'existe pas, et « on » (qui ? quoi ?) peut la nier.
Où est-on quand « nous » ne sommes pas là ? Vivons-nous par intermittence ?
Pour Franck Terreaux, « Qui suis-je ? », c'est « la sensation d'être vivant corporellement« . « Mais la vie c'est avant tout la sensorialité » : c'est donc un ressenti physique : mais qui ressent ? Qui saisit ce ressenti ?

Yasutani disait : « Intrinsèquement, il n'y a pas « d'ego ». C'est quelque chose que nous créons nous-même. Pourtant c'est cet ‘ego' qui nous conduit au zazen. Il ne faut donc pas le mépriser. » Mais qui ou quoi crée cet ego ? Cette chose a donc une existence, une volonté, une personnalité… qui crée la notre ?
Buddhaghosa disait : « Seule existe la souffrance, et non celui qui souffre ; Il y a l'action, mais non pas son auteur ; le Nirvana est, mais non celui qui le poursuit ; il y a le chemin, mais non le voyageur. » En somme, pourrait-on dire : « cela a été fait…par personne » ?

Franck Terreaux « remet le tiercé dans l'ordre : « Qui suis je ? » devient « Suis qui je » car ce serait l'ordre exact des choses.
« Juste avant notre quatrième anniversaire, il n'y avait que la vie, car la vie est le précédent de toute chose. (..) Cela étant, je ferai désormais porter à la vie le nom de « Suis », le premier cheval du tiercé « Suis Qui Je ». « Suis » n'a d'ailleurs jamais commencé car il est sans commencement. Il y est d'ailleurs fait allusion dans l'Ancien Testament par : « Je suis celui qui Suis ». « Suis » n'existe pas, s'il n'existe pas, c'est parce qu'il « EST ». Je veux dire ETRE, en tant que contenant de l'existence, c'est pour cette raison que je l'appelle l'ultime contenant, car en aucun cas il ne peut être contenu. En revanche, c'est vers l'aube de notre quatrième anniversaire que l'existence prend naissance en lui. Tout en étant en lui, rien, absolument rien ne peut se trouver à l'extérieur. L'immense paradoxe tient du fait que j'essaie de définir l'indéfinissable. le plus sage serait de définir « Suis » comme rien, seulement dans le sens où ce rien ne voudrait absolument rien dire « .

Rarement, il me semble que l'auteur… se perde tout seul. Il s'empêtre. Exemple : « l'attention non attentive non objective » : d'ailleurs, suite à l'évocation de cette idée, F.T. glisse une « note » explicative, qui, en somme, ressemble à l'idée bouddhiste que le nirvana est visible entre deux pensées.
Et on lit page 31 : « Dès que le stade de sapiens sapiens a été franchi, celui a conduit inexorablement l'homme à sa chute, en le coupant de sa réalité première, c'est-à-dire : l'unité avec la nature, qui est véritablement ce qu'il est ».
« L'éveil pour les paresseux » est truffé de pépites d'or qui camouflent des bombes ontologiques.

Dans les dernières pages, Franck Terreaux dit ceci :
« J'ai compris que méditer ne servait à rien, qu'en méditant, qu'en essayant d'être détaché, qu'en essayant de me libérer de mes soit-disant conditionnements, j'étais complètement à côté de la plaque. Compris que chaque pas entrepris dans une direction m'éloignait inexorablement de ce que je cherchais, de ce que j'étais, autrement dit de tout, autrement dit de rien, ou plutôt de rien du tout, puisque c'est à partir de ce rien que tout se crée d'instant en instant. J'avais désormais l'intime conviction qu'il n'y avait nulle part où je puisse aller. Que l'univers était d'une perfection absolue, et que dans ce cas comme le disait Jésus, si tout était parfaitement accompli il n'y avait aucune personne à parfaire« . Et j'ai laissé de côté énormément d'idées importantes !

Le paresseux éveillé, c'est celui qui retire son existence de l'ETRE-TOUT.

A LIRE ABSOLUMENT !!!
Bonne et agréable lecture !

Zuihô
Lien : https://livresbouddhistes.co..
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