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Critique de tamara29


Il y a des livres comme ça qui laissent des traces, des romans dont on ne ressort pas indemnes. C'est ma quête chaque fois que je commence un nouveau roman. L'envie d'être transportée, chamboulée.
Je connaissais Steve Tesich pour avoir lu et grandement apprécié « Karoo ». Sa plume fouillant les profondeurs de l'être humain, son regard peut-être un peu sombre me plaisaient. J'ai commencé « Price » en espérant que ce serait de la même veine. Je n'ai pas été déçue. Plus encore que ça d'ailleurs.
Daniel Price, 17 ans, vit dans une petite bourgade de l'Indiana aux Etats-Unis. La fin des cours approche. Ce sera bientôt le diplôme, et avec ses deux meilleurs amis, ils se questionnent sur leur avenir, fait d'espoir et d'envie tout en étant conscients de leurs perspectives minces dans cette petite ville industrielle où les pères triment dans les raffineries. A 17 ans, ils n'ont pas encore vécu d'histoires avec une fille. Même s'ils en sont parfois moqueurs, ils en rêvent bien sûr, comme tout gamin de leur âge.
Ses deux amis sont un peu les deux pans extrêmes de la personnalité de Daniel. Il y a William Freund (dit Freud), le naïf, celui qui a toujours besoin d'être près de ses deux potes pour se rassurer, qui voue un respect sans borne pour son père décédé. Et Larry Misoria (dit « le teigneux ») (j'ai eu un petit faible pour lui), le mec cynique mais profond et émouvant, avec une grande acuité de la vie.
Un soir, Price en traînant dans une rue voisine, va remarquer une jeune fille dont il va immédiatement tomber amoureux. Un homme près d'elle, qui doit être son père, l'appelle Rachel. Rachel… C'est le coup de foudre pour Daniel.
Mais les représentations de ceux qui nous entourent sont faites parfois de nos mirages, de nos envies, de nos espoirs et de nos peurs. On interprète leurs mots, leurs comportements au gré de nos humeurs, positives ou sombres, au gré de nos espoirs ou désespoirs.
Daniel va faire en sorte de rencontrer cette jeune fille et, peu à peu, de tisser un lien amoureux. Mais Rachel est énigmatique, attachante et fuyante, vibrante de gaieté et triste la seconde d'après.
Le père de Daniel est malade. Daniel fuit ce père que la maladie qui s'aggrave rend plus acerbe et réaliste. Daniel fuit cette vision de la mort. Et parce que son coeur n'est plus que tourné vers Rachel, il en délaisse même ses amis et sa mère, cachant sa relation amoureuse.
Tour à tour, Daniel se sent incroyablement amoureux puis, la seconde d'après, incroyablement désespéré, laissé pour compte lorsque Rachel, à l'inverse, peut se montrer insaisissable, lorsqu'elle lui glisse entre ses doigts. Rachel devient son obsession, comme on s'accroche à ce qu'on a de plus beau dans la vie pour ne pas sombrer, comme si elle n'était plus que son unique raison d'exister et d'espérer…
Daniel Price va en quelques semaines à peine devenir adulte et connaître l'amour mais aussi l'approche de la mort, la souffrance, les rêves et les désenchantements. Un été d'apprentissage à la fois beau et terrible. le choix de son nom n'est pas un hasard… Price, le prix, le prix à payer. Quel prix sommes-nous prêts à payer pour réaliser nos rêves, pour vivre un tant soit peu selon nos aspirations ?
Daniel Price est un être empreint de beauté et d'imperfections. Ses travers (qui ne sont pas tous faciles à accepter) le rend profondément humain. Ce roman « Price », c'est l'apprentissage de la vie. C'est un condensé de sentiments qu'on connaît tous un jour ou l'autre. Des battements du coeur et des spleens. de bonheur et de chagrin. de l'amitié, d'éclat de rire, des difficultés de relations humaines, des blessures, des non-dits, des trahisons. Mais aussi du temps qui passe, des étapes, des changements d'époque. Price, c'est un peu de nous, de cette vie faite de rêves et de désillusions.
Et malgré tout, quand même, on continue tous les jours, avec cet infime espoir en nous qui nous fait tenir.
Je suis ressortie de cette lecture profondément triste, peut-être parce que ça ressemble terriblement à la vie, à sa complexité. L'écriture de Steve Tesich semble si simple pour réussir comme ça à nous embarquer en un rien de temps dans cette histoire mais, elle est aussi indéniablement profonde et sensible par la description de tous ces êtres, si plein de réalisme.
Alors, pour tout cela, « Price » a été, pour moi, un de ses livres dont on ne ressort pas tout à fait comme avant.
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