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Critique de claire_


Edward J. Newton est un extraterrestre. D'ailleurs, ce n'est évidemment pas là son vrai nom. Mais c'est celui qu'il s'est choisit pour s'intégrer aux habitants de notre planète après en avoir soigneusement appris les coutumes, la langue et l'écriture.
Son but, c'est avant tout de sauver son propre peuple. Celui ci est condamné à s'éteindre rapidement sur sa planète natale où les richesses naturelles ont été épuisées par trop de guerres.
Mais c'est aussi de nous sauver, nous Terriens, de la prochaine guerre qui s'annonce pour bientôt et qui, après les horreurs de la seconde Guerre Mondiale et la découverte des armes atomiques, promet de détruire l'humanité.

Ce livre est donc joliment teinté d'écologie. En évoquant ce qui est arrivé à Anthéa, l'auteur pointe les richesses que notre planète possède encore. Il n'appartient qu'à nous de les préserver afin que la Terre ne devienne pas elle aussi un monde maudit que les survivants devront fuir.
A un moment du récit, Newton, qui déparqué sur Terre s'enrichit d'abord en vendant des bagues en or, demande à un terrien : « Ce lac, combien d'eau contient il à votre avis? » Cette phrase naïve retranscrit toute la nuance de ce livre. Un lac, ce n'est qu'un joli paysage quelque peu banal pour nous. Mais pour une contrée qui manque d'eau, il devient la plus grande des richesses.

Ce livre parle aussi de la guerre. Ou plutôt de la peur que celle-ci inspire. Il a été écrit en écrit en 1963, en plein dans la guerre froide et, comme beaucoup de récit de science-fiction de cette époque, il est baigné de la terreur qu'elle inspire. Sans jamais parler vraiment de l'URSS, ce livre retranscrit les angoisses de l'époque, la certitude que la prochaine sera sans doute fatalement la dernière. Tous les personnages de ce livre apparaissent désabusés par une modernité qui, au lieu de leur apporter le confort qu'ils attendaient, les menace jour après jour.

Enfin, ce livre traite surtout de la solitude. La solitude de Newton, exilé si loin des siens et de sa planète, étranger sur cette Terre où il fait si chaud, écrasé par une pesanteur beaucoup trop forte pour lui, grand et maigre jusqu'à en être difforme, … Mais aussi la solitude de Betty Jo, veuve au chômage qui ne parvient à subsister que grâce aux aides sociales. Ou celle de Nathan Bryce, docteur en chimie qui ne supporte plus de travailler pour la recherche militaire.

Tous ces personnages ont sombré ou sombrent dans l'alcool au fur et à mesure du récit, à l'ivresse matinale, seul remède à la mélancolie qui les habitent et contre laquelle ils ne veulent plus lutter.
Ce sujet se rattache au malaise de l'auteur, lui-même victime de l'alcool. Ces personnes, Newton, Betty Jo ou Bryce, ne sont en fait que des doubles de papier de Tevis. Dans un entretien avec Weiner, l'auteur aurait déclaré : « J'écrivais, d'une certaine manière, sans distanciation, sans séparer l'homme de l'écrivain, animé par la peur grandissante de ne plus supporter la vie autrement qu'en restant soûl ».
C'est donc un roman très personnel que nous livre Tevis. Cela ne le rend que plus fort.

Il y a de nombreux cycles que j'ai lu, apprécié mais dont je suis incapable de me rappeler l'histoire un an plus tard. En moins de 300 pages, ce livre est de ceux qu'on sait ne jamais pouvoir vraiment oublier quand on arrive à la dernière ligne.

Car la fin est toute aussi magistrale que l'ensemble du récit. Elle est de celles qui donnent envie de pleurer sans qu'on puisse y parvenir.
Bref, un livre beau et fort que je vous conseille évidemment!
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