il y a 10 jours, je ne connaissais pas ce mot,
nudge, je suis tombée dessus lors de mes pérégrinations sur Internet, j'ai cherché un peu et je suis tombée sur cette page :
http://www.bva.fr/fr/bva_
nudge_unit/qu_est-ce_que_le_
nudge/
j'ai voulu aller voir un peu plus loin, le bouquin était disponible chez mon libraire. Parfois, la vie est simple.
Nudge, ça veut dire« coup de pouce » ; c'est une méthode douce pratiquée pour orienter discrètement nos choix, sans tapage, sans obligation ni interdiction. C'est de l'économie comportementale.
L'idée, c'est une procédure qui coûte peu, qui peut avoir des effets puissants, menée par des architectes du choix, pour aider les "simples mortels" dans leurs prises de décision, a priori pour leur bien. C'est ce que les auteurs appellent le « paternalisme libertaire". Paternalisme parce qu'on guide, libertaire parce que tous les choix restent possibles, pour ceux qui ne seraient pas convaincus. Cela peut être l'installation des plats à la cantine, l'ergonomie d'un appareil ménager, la rédaction d'un formulaire, l'introduction d'un smiley encourageant dans un texte....Les applications sont infinies et quotidiennes,même si le sauteurs parlent de problématiques à plus grande échelle, sociétales, je dirais..
Cela s'appuie sur une fine connaissance de la psychologie humaine. Un choix se structure par un équilibre entre un comportement instinctif et un comportement réflectif. Cet équilibre est modulé par des connaissances, des émotions, une certaine tendance à l'inertie, une tendance à la grégarité (la pression sociale), une détestation de la perte, une facile intoxication par les événements présents plutôt que par une vue à long terme.
La première partie, "théorique", est épatante, très claire, pleine d'humour. On y comprend qu'on a tous pratiqué et subi le
nudge sans le savoir, et comprendre, bien sûr, c'est toujours mieux, ça permet de mieux pratiquer et de mieux se protéger.
La suite est moins lumineuse, parfois redondante, avec des exemples empruntés à la vie sociale parfois un peu compliqués (gestion de l'argent : crédit, épargne-retraite, investissement ; assurance-maladie dans le système États-Unien ; don d'organes, mariage)
Enfin, la dernière partie est consacrée à réfuter les critiques qui pourraient être émises (et le sont réellement), proposant soit une attitude plus conservatrice (non pas orienter les choix mais les limiter), soit une attitude plus libertaire refusant cette ingérence, même légère, dans les affaires d'autrui, dénonçant la manipulation. Thaller et Sunstein ne me réfutent d'ailleurs l'idée, qui m'a tenue tout au long de ces pages, que le
nudge pouvait aussi tomber dans de mauvaises mains : que le « bien d'autrui" n'est pas forcément ce que les autres imaginent, et que par ailleurs la même méthode peut être appliquée altruisme, et se limiter au seul profit de l'architecte du choix.