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Critique de brigittelascombe


"Dans ce livre mes personnages baisent, mes personnages font tout, pour des raisons morales" confie le narrateur de Politique qui n'est autre que Adam Thirlwell, à l'humour parfois déroutant.
Ils font tout et rien à la fois, car s'ils font l'amour à tout va, par excès de bonté en interprétant souvent à contresens les désirs de leur(s) partenaire(s), cet amour s'enlise et se noie dans le trop plein de positions,de perversions et de gadgets.
Politique, n'a rien de subversif (style La vie sexuelle de Catherine M, le célèbre roman pornographique et autobiographique de Catherine Millet), car si l'auteur décrit par le menu l'amour sexuel d'un acteur Moshe et de sa copine Nana, étudiante en architecture, auxquels se joindra Anjali, comédienne et meilleure amie du premier, il ne s'implique pas, mais analyse,décortique,commente,critique...ce qui transforme le récit en un cours de sciences caricatural.Rien de politique non plus dans Politique, si ce n'est les références politiques cocasses et cyniques évoquées (ex:Mao qui "se lavait dans le corps des femmes" pour rester fidèle au taoïsme). le côté théâtral contribue au comique de ce roman, entre jeux de rôles et références littéraires (parfois surréalistes!!) à l'appui (ex: on y apprend qu'André Breton et Jacques Prévert réunis avec d'autres surréalistes conversaient tranquillement de leurs piètres performances au lit vu leurs éjaculations précoces).
Moshe, le charmant "demi-Juif" qui "n'est pas un Juif sérieux" et se prend pour un "virtuose sexuel", Nana "la petite princesse à son papa", la "bûcheuse"qui "prend le sexe au sérieux", Anjali la métis homosexuelle qui "a du style" en deviennent pitoyables.
Et c'est sans doute ce message là que veut faire passer l'auteur, en amour il faut rester soi-même, ne pas jouer le rôle que l'on croit interpréter pour faire plaisir à l'autre sous peine d'y perdre son propre plaisir et ses propres désirs.
Ce roman,qui traine parfois en longueur car trop c'est trop, est pourtant une sorte de fable moderne à méditer, un conte sur l'amour qui n'a rien de respectueux ni rien de politique sauf son côté surréaliste copié sur le groupe d'André Breton qui disait que "le fait de parler franchement du sexe était un début nécessaire à la création d'une société juste et parfaite.Ils pensaient que c'était un premier pas politique".
Adam Thirlwell qui est rédacteur en chef adjoint d'All South Collège et de la revue littéraire Areté, oscille avec brio entre érotisme forcé et chirurgie réparatrice. le sujet est original et audacieux même s'il n'est pas évident. La libération sexuelle et l'émancipation de la femme l'ont-elle métamorphosée en un objet sexuel? A moins que ce ne soit l'homme?
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