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Critique de irisrivaldi


Un patchwork d'émotions
Je venais juste de terminer la lecture d'un thriller ésotérique dont l'histoire se déroule dans l'inévitable Ville éternelle où, sans qu'on comprenne bien pourquoi (comme ça arrive souvent avec les thrillers ésotériques), les protagonistes se signent à l'envers, quand j'ai trouvé dans ma boîte aux lettres ce livre au titre singulier « Sansonnets, un cygne à l'envers ».
« Alors là, si ça, c'est pas un signe ! » me suis-je alors exclamée, emphatique. Le signal en effet pour laisser très loin derrière moi la pesanteur de toutes ces ramifications mystiques pour me plonger le coeur léger dans une lecture douce et dépaysante. La couverture annonçait d'ailleurs la couleur : un cygne majestueux avance avec grâce en se reflétant sur la surface paisible d'un lac.

Ce recueil contient cent sonnets à propos desquels Pierre Thiry révèle en épilogue quelles ont été, pour lui, les coulisses de la création : « J'ai écrit ces sonnets un peu n'importe quand, lorsque j'avais du temps. » Cela donc, j'imagine, sans aller chercher trop loin son inspiration : au bureau de poste, à l'arrêt de bus, dans le train, à la terrasse d'un café, au restaurant, chez le coiffeur, au cours de balades en forêt, lors d'une marche sous la pluie, en observant un visage amical, sur un coin de table durant un repas ennuyeux, pendant la lecture d'un livre, en savourant un concert…

Mon avis :

J'avais, je le confesse, un a priori négatif au sujet de la poésie en général, des sonnets en particulier et de toutes sortes d'envolées lyriques, qui obligeraient les anges eux-mêmes à se baisser pour contempler le paradis, tant tout ceci plane bien haut pour ma modeste compréhension. Alors oui, j'avoue honteusement être d'habitude totalement hermétique au langage ésotérique de la poésie. Et, aussi loin que remontent mes souvenirs du lycée, je conserve encore l'empreinte douloureuse que certains poètes italiens, avec leur abus de figures rhétoriques – que Eugenio Montale me pardonne –, ont laissé dans ma mémoire de mauvaise élève. J'ai bien conscience qu'un univers fabuleux m'échappe sûrement et qu'un jour je devrais revenir à des sentiments plus aimables envers tout un pan de la littérature.

Mais je m'égare, revenons à nos moutons, à nos sansonnets devrais-je dire ; avec ses cent sonnets Pierre Thiry a ainsi confectionné un délicat patchwork d'émotions, qui saura aussi bien toucher l'amateur de poésie que le profane.

L'auteur, qui jongle avec les mots et les fait chanter maniant avec maestria l'art du sonnet, a donc le chic des trouvailles linguistiques. Ce qui compte en définitive, c'est qu'en refermant mon livre, je suis ravie que tous ces sonnets ne m'aient pas rejetée. Son message adresse un cinglant démenti à tous ceux qui pourraient penser que la poésie se veut la chasse gardée d'une élite hautaine n'admettant dans son cercle qu'une minorité choisie.

Désormais, quand je laisserai traîner une oreille au-dessus de l'étang des cygnes, je serai très attentive au murmure des conversations. Et j'espère de tout coeur avoir la chance d'entendre papoter quelques volatiles distingués. Ce sera toujours plus bénéfique que de barboter dans un énième ersatz du Da Vinci Code…

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