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Critique de lafilledepassage


Dès l'incipit, le ton est donné : « le meilleur gouvernement est le gouvernement qui gouverne le moins.» Et tout de suite je trouve matière à critique … à mon grand étonnement car je pensais trouver chez Henry Thoreau un « ami », ou du moins quelqu'un dont les idées sont assez proches des miennes. Mais bon il faut bien reconnaitre que je n'ai pour l'instant rien lu de cet auteur, et que je basais mes a priori positifs sur les échos que j'avais entendus ici et là à propos de Walden …

Donc cette première phrase me fait réagir car je ne suis pas du tout d'accord ! Selon moi l'Etat démocratique doit être présent et assumer sa mission fondamentale, à savoir la protection des plus fragiles d'entre nous. Je prends l'exemple de mon tranquille petit royaume, où l'Etat se désinvestit petit à petit et se déresponsabilise de tout : durcissement des conditions d'accès aux allocations sociales, suppression du recours gratuit à la justice, désinvestissement dans l'éducation de qualité, dans les soins de santé, dans la culture, … Les pauvres, les handicapés, les chômeurs, les familles monoparentales, … sont de plus en plus désarmés, fragilisés, vulnérables.

Nos hommes politiques reçoivent un mandat quand ils sont élus et doivent se montrer à la hauteur de leurs responsabilités …. Or bien souvent on voit des gouvernants sans aucune vision stratégique (la problématique de la politique énergétique en Belgique en est plus que révélatrice, comme d'ailleurs toute la gestion des dérèglements climatiques), totalement obnubilés par leur popularité, ou aveuglés par le pouvoir et/ou à la solde des grands groupes financiers …

Mais attention loin de moi l'idée d'en appeler à un Etat fort, paternaliste, dirigiste et liberticide. Non. Je réclame des hommes d'Etat d'envergure, de réels démocrates ayant comme souci principal le bien-être de tous, présents et à venir (comme on dit dans mon beau royaume) et quelle que soient la couleur de la peau, la religion, ...

Voilà donc pour la première phrase … Bon vous me direz que je monte tout de suite sur mes grands chevaux, qu'il faut replacer la phrase dans son contexte historique (et probablement culturel aussi), que l'auteur nuance par la suite son propos. Certes, mais je répliquerai quand même que plus loin dans le texte, Thoreau reproche au gouvernement de faire obstruction à la bonne marche des affaires et de gêner la libre entreprise. Des refrains que l'on entend parmi les plus fervents défenseurs de l'ultra-libéralisme, non ? Ensuite il se targuera de ne pas payer l'impôt (on ne peut pas reprocher à Thoreau de ne pas être cohérent, puisque selon lui les gouvernants sont des pantins, frileux et inutiles, c'est assez normal qu'il refuse de contribuer à les entretenir), ce même impôt qui permet justement de payer hôpitaux, routes et écoles. Na !

Mais je suis d'accord avec Thoreau quand il dénonce ces Etats qui nient notre humanité, font de nous « à peine une ombre, à peine un souvenir de ce qu'est l'humanité », ou encore «des machines ».
Et bien sûr je le rejoins quand il s'oppose à la guerre, quand il dénonce l'esclavage, quand il revendique le droit (mais moi je parlerai plus d'un devoir ici ...) à s'élever contre un gouvernement tyrannique ou inefficace ou socialement injuste. Et je crie avec lui qu'il faut avant tout rester honnête avec soi-même, en phase avec ses convictions, avec son sens moral, avec sa conscience, et …. oserais-je l'écrire ?allez oui … ses idéaux.

Et j'applaudis à deux mains sa critique de la prison, cette institution qui le « traitait comme s'il n'était fait que de chair, d'os et de sang qu'on pouvait enfermer ». Car oui, les idées « constituent le seul véritable danger ».

Et oui, Monsieur Thoreau, le vote n'est pas suffisant. Quelqu'un (mais qui encore ?) disait qu'un homme est grand par ses actes. Alors, oui, chacun à son échelle, posons des actes !!!

Bon je dois avouer que ce ne fut pas une lecture facile. L'auteur passe facilement d'un sujet à l'autre et brouille les pistes. Et il y a à boire et à manger dans ces 39 pages très denses … Et beaucoup de matières à réflexion. Et à critique.

J'espère que ma critique n'est pas trop maladroite. Je sais que le débat politique, le débat d'idées n'est pas un exercice facile. Et j'ai probablement perdu des amis avec cette critique. Mais bon voilà, à bas la tiédeur, la mollesse et le politiquement correct. Je m'avance, je me dévoile. Et tant pis si ça déplait …

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