AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Nastasia-B


Je ne sais pas si c'est une lecture de saison, en climat électoral tel que nous le connaissons en ce moment en France (je précise pour nos amis francophones non français vivant en dehors du territoire où l'on n'entend parler en ce moment que de politique), car la lecture de ce livre ne risque pas d'augmenter le taux de participation à ladite élection. Est-ce un mal ? Est-ce un bien ? Je vous laisse le soin d'en juger par vous-même.

Dans cet opuscule, Thoreau fonce tête baissée, cornes en avant sur les chiffons rouges de l'arène politique. Il y met franchement en doute l'utilité d'un gouvernement et d'un état centralisé et, plus certainement encore, il affirme sa nocivité.

Je trouve son propos intéressant mais quelque peu confus car pas très structuré ; il dénonce pêle-mêle le fait que le gouvernement cautionne l'esclavage, la guerre impérialiste au Mexique, l'absence de sens moral de la justice, l'opportunisme économique, l'incompétence et l'étroitesse de vue des politiques, la pusillanimité des citoyens qui râlent de loin mais n'agissent jamais, l'infondé de l'impôt, l'entrave générale à la liberté et au libre arbitre qu'exerce l'autorité sur l'individu ou encore l'absence de référence aux préceptes moraux distillés dans le Nouveau Testament.

Ce dernier point en particulier me dérange particulièrement car lui qui se fait le champion de la liberté et de la défense du libre-arbitre de notre conscience, je ne vois pas particulièrement en quoi le Nouveau Testament est un modèle du genre, sauf peut-être, à la rigueur, à considérer les actes (supposés) de Jésus comme une forme pacifique de résistance à l'oppresseur romain.

Le point le plus intéressant selon moi, soulevé par La Désobéissance Civile (essai politico-sociétal intitulé à l'origine Résistance Au Gouvernement Civil) est celui, précisément de l'acte de résistance, dans les menus faits du quotidien et cela de manière non violente, sans se cacher derrière un groupe quelconque, sans se leurrer derrière des cris ou des banderoles pour mieux se fondre dans le moule par la suite.

Henry David Thoreau parle ouvertement de la fumisterie que constitue le vote dit « démocratique » car les choix devant toujours s'effectuer entre une poignée de larrons autoproclamés ou auto désignés par quelques-uns de leurs amis ayant des intérêts dans l'affaire. C'est dans les petites actions du quotidien que s'expriment le mieux nos choix politiques, en boycottant tel ou tel produit, telle ou telle décision gouvernementale, en ne contribuant pas à ce que nous croyons injuste, vu de notre fenêtre que nous faisons le mieux de la politique.

La grande limite malgré tout de la vision de Thoreau, qui défend fermement une non-ingérence de l'État dans les affaires individuelles est qu'elle concourrait tout droit à un hyper ultra libéralisme de l'espèce la plus sauvage qui soit et en ce sens, ne me semble pas franchement un remède tellement meilleur que le mal (justifié) qu'elle dénonce.

En somme, une contribution très intéressante, dont on sait qu'elle influencera des grands résistants pacifiques tels Gandhi ou Luther King, mais qui présente selon moi beaucoup de limites et de côtés sombres non élucidés.

Cependant, je vous invite civilement à désobéir à cet avis, car, tout bien considéré, il ne représente pas grand-chose.
Commenter  J’apprécie          1030



Ont apprécié cette critique (84)voir plus




{* *}