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Critique de camati


Merci à Babelio et aux Editions Wombat qui, à l'occasion de la dernière Masse critique, m'ont permis de renouer avec l'auteur américain James Thurber dont je n'avais plus rien lu depuis mes études universitaires d'anglais. J'ignorais d'ailleurs qu'il était également dessinateur, ce qui apparaît dans « La dernière fleur », parabole en images publiée en 1939, deux mois après le début de la guerre, et traduite par Albert Camus en 1952.
L'auteur a dédié cette fable à sa fille unique, Rosemary, alors âgée de sept ans avec, je le cite, « le désir ardent que son monde sera meilleur que le mien ». A la lecture de cette dédicace, je me suis immédiatement posé la question suivante : le monde d'aujourd'hui est-il meilleur que celui de 1939 ? Bien sûr, l'Europe n'a pas connu d'autres guerres depuis celle-là, mais l'Europe n'est pas le monde….
Le texte est simple, bref, les illustrations dépouillées, au crayon, parfois à la limite du dessin d'enfant, mais expressives. Bien qu'écrit en 1939, il ne s'agit pas de la seconde guerre mondiale, mais de la douzième ! J'imagine votre étonnement en lisant cela. Peut-être l'objectif de J. Thurber était-il de protéger sa fille alors très jeune, puisque ce 12ème conflit a conduit à l'anéantissement total de la civilisation sur la planète, en sous-entendant que cela n'arriverait pas avec la seconde ? ou alors, s'adressant à tous les lecteurs et non à Rosemary en particulier, a-t-il voulu nous faire comprendre que d'autres guerres suivraient. Pourquoi ? parce que c'est le propre de l'homme !
Lors de ce conflit mondial fictif donc, tout a été détruit : les villes, la nature, l'art. Les humains ont certes survécu (étonnament) mais ils ont été déchus de leur rôle de race « supérieure », se retrouvant dominés par les animaux, même les plus inoffensifs tels que les lapins (l'une des rares touches d'humour de cette parabole), et réduits à l'inactivité et l'absence d'amour.
Sur cette toile de fond plutôt sombre et pessimiste, le lecteur voit poindre une lueur d'espoir: une jeune fille découvre la dernière fleur au monde, pas bien épanouie certes , ce dont d'ailleurs tout le monde se moque, à l'exception d'un jeune homme qui aide la jeune fille à en prendre soin. Ce sentiment de compassion ou d'amour permet à la fleur de renaître à la vie. En effet, grâce à leurs soins et aux insectes, elle se multiplie et la terre se couvre à nouveau de végétation.
L'attention que les deux jeunes gens ont porté à la fleur s'est mué en amour réciproque entre cette nouvelle Eve et ce nouvel Adam. Il est communicatif car les humains reprennent goût à la vie et la civilisation se reconstruit peu à peu. Mais…… telle la roue qui tourne, l'Histoire reprend son cours et reproduit les mêmes désastres. C'est l'éternel recommencement, un cycle sans fin de destruction et de renaissance, car, à chaque fois, il reste une fleur, symbole de vie, de renouveau, de beauté, de cycle perpétuel.
Je n'ai trouvé cette fable ni cynique, ni humoristique, ni absurde, mais plutôt grave et sérieuse. A la fois désespérante (l'Homme n'apprendra-t-il donc jamais ?) et pleine d'espoir (la vie est indestructible et reprendra toujours le dessus). La nature et l'amour seront toujours les sauveurs de l'humanité. Je veux y croire, pas vous ?
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