AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de HenryWar


Combien profondément et heureusement leste, vérace, amoral, est l'esprit de Jean de Tinan en ce roman si libre, si véridique, si iconoclaste, roman qu'il faudrait obliger tout jeune adulte à lire pour généreusement lui vouloir économiser des années de mièvreries mensongères et lui offrir enfin le balai rationnel et juste des niaiseries subjugantes issues des interminables frelattements chrétiens et romantiques, illégitimes et controuvés, cependant tant perpétués pour la nécessaire frustration de leurs nombreux disciples, sur le sujet de l'amour ! Sans même parler du style d'émotion virevoltant et de cette paradoxale virtuosité du sans-ambages, Tinan est un être tellement sincère et débordant d'honnêteté lucide qu'il ne sait écrire une anecdote de fiction sans la mêler intimement à son expérience et à sa distance, au point que le récit, superposant des choses vues à des visions imaginaires, se fond inextricablement en une somme de souvenirs, épanche des états que la distance juge en leçons, raconte sans feinte les gais désenchantements des morales malsaines, étale des documents réels de jeunesse pour indiquer l'inutile douleur du « Rêve bleu », de sa poursuite absurde, et de ce que son irréalisme benêt suppose d'enfantillages de la sensibilité et de la pensée, d'erreurs et de fautes des conceptions illusoires de l'homme.
le temps qu'on pourrait gagner à lire très tôt de pareils ouvrages !
Ce n'est pourtant pas un livre amer, ni cynique, ni méchant, sur l'amour : on fait toujours de ces « procès d'intention » à ceux qui qui annulent vos mirages, et parce qu'une imprégnation sociale insiste pour que l'espérance et la foi soient des vertus, vous poursuivez la croyance en l'oasis et vous marchez après, et quand un maître vous apprend non seulement que ces vapeurs au loin n'existent pas et ne procèdent de rien de palpable, qu'elles sont uniquement le jeu d'une intangible chaleur, mais qu'il sait une manière de boire qui se passe de ces idéalismes optiques, on le conspue comme quelqu'un qui brise ce à quoi il ne faudrait surtout jamais attenter, à savoir le bon et douceâtre entretien des spectres qui ne se rencontrent jamais – ce qu'on appelle à peu près « toucher aux idées par la science », impardonnable morsure de celui qui, « malade », vit « sans âme » et « sans respect ». Ce livre est tout justement un guide pratique contre la façon d'aborder un sentiment avec les préjugés d'autrui. Il est exact comme un théorème démontré, il rétablit patiemment l'aimer au rang des émois comme les autres et parmi les autres. On aime toujours presque exactement comme on nous a défini l'amour : ce n'est ni sensation ni instinct, c'est conditionnement. Au même titre, « à dix ans, l'enfant sait peu de choses, et cependant presque toute sa destinée est faite, parce que notre destinée dépend surtout de la façon dont nous rechercherons le bonheur, et que ces habitudes sont déjà prises… » (page 1067) « Prises ? » Qu'est-ce donc qu'on prend à dix ans ? on ne prend rien, on n'a pas l'audace qu'il faut, c'est-à-dire qu'on prend seulement ce qu'on nous donne : et donc « transmises », plutôt. On nous a inculqué l'idée orientée à la fois de l'importance d'aimer, mais aussi de la manière dont l'amour est censé se concevoir et se diriger. Les seuls attributs véritables et universels de l'amour, je crois, sont l'attachement et l'envie. Ce qu'on y ajoute est extrapolé, de la littérature, des vanités, surtout des conventions sociales : il ne faudrait écrire nulle part que l'amour est une extase ou une torture, ni que ça se réalise de telle façon, suivant telle tradition, avec présents, fidélité ou progéniture. Ce n'est ni spécialement précieux ni savant, l'amour, c'est un sentiment à peu près comme l'agacement ou la convoitise, pas beaucoup plus important qu'une grosse colère après une défaite au jeu, à peine plus intellectuel qu'une soif ou qu'une faim. Une émotion, point : ce n'est certes pas rien, une émotion, mais enfin ça se gère, ça se soigne, ça se relativise : on ne va tout de même pas épancher ça au moindre effleurement, pourquoi faire ? c'est vraiment assez peu hygiénique, cette sorte d'écoulement, de diarrhée, de purgation. Persuadez un homme que l'argent est une valeur suprême, s'il perd un billet de dix, le voilà plongé alors dans l'affliction la plus loisible et abandonnée. Eh bien ! c'est cela, l'amour : la surexcitation conditionnée, que tel groupe a permise, d'une sensation fort explicable et relative – là-bas, ailleurs, parmi d'autres groupes, l'amour n'a rien à voir, il est tout à fait pourvu d'une définition distincte pour un pareil mot.
Vraiment, je ne sache plus que l'amour soit plus élevé, valeureux, digne et vital que par exemple l'excitation sexuelle : simplement, je constate combien on s'est complu à l'exacerber en tensions torturantes, en inaccessibles idées ; il suffit que sous la pression homogène d'une société on vienne à se dire, d'un sentiment quelconque, que la vie en dépend, pour tout à coup en tirer un effroi climatérique et se trouver, par exemple, au seuil du suicide d'avoir oublié ses clés, à l'agonie du désespoir d'avoir attrapé un rhume, ou au comble de l'extase d'avoir appris les capitales de trois grands pays d'Europe. Toute « valeur » qu'une civilisation élit et vante à outrance en superlative nécessité de triomphe ou de gloire acquiert par pur artifice l'excessive prédominance d'une obsession, et l'on ne saurait nier que, pour ce qui est de la considération de l'amour, notre histoire et notre culture ne sont pas allées par la demi-mesure : voici comment on a travesti un sentiment ni bon ni mauvais en palpitation, sentiment potentiellement vicieux et dangereux comme les autres dès lors qu'il devient dépendance et fascination, sentiment dont, au lieu d'apprendre à se méfier comme n'importe lequel, on a assez unanimement excité même les plus objectives insignifiances en enjeux existentiels. La disproportion irréfléchie, d'origine autoritaire, de tel sentiment irrationnel sur l'équilibre même de toutes les passions, est ce qui a conduit à des attachements indésirables et à des effusions psychiatriques sans qu'on prenne le recul de reconnaître que l'amour ne se conçoit point sous cette forme pulsionnelle et inquiète chez des civilisations mieux rassises et intellectuellement plus méticuleuses et fermes, chez des peuples en somme dont la pondération n'admet pas l'excitation cardiaque et l'emballement des désirs spirituels au rang des valeurs suprêmes. Seulement bien sûr, après la propagande morale si ancrée en soi qu'on ne s'en aperçoit plus, il faudrait l'ébrouement supérieurement difficile de tous les parasitismes congénitaux pour se débarrasser de l'illusion dont l'amour est nourrie, et gavée, rendue obèse en importance jusqu'à la pléthorique démesure d'un foie gras de canard. Nul autre qu'un esprit détaché de son siècle saurait y parvenir, un esprit si lassé et endeuillé de l'inconséquence du monde qu'il ne reculerait pas enfin de foncièrement penser autrement ce qu'il est supposé être au sein de cette grégaire insatisfaction, et de le dire ou l'écrire.
Extraordinaire et poignante franchise, soit dit à cet instant, que la verve de Tinan qui se donne sans cesse à juger, s'offre et se stigmatise sacrifiée aux explicitations publiques comme dernier des suicidés, railleur contre soi, prompt à s'humilier en apparence de naïveté bête et de malséant orgueil ; franchise élégante cependant, soigneuse, attentive, délicate, mais conformée jusqu'au pacte avec soi-même au point presque que l'auteur ne rédige plus un paragraphe sans commenter ce qu'il écrit, non toujours pour se moquer de lui-même d'ailleurs, ce qui serait faux car il se sait excellent et avisé, mais pour ne vanter sa prose ni au rang de tendresse ni à celui de virtuosité. Au-delà d'une certaine maîtrise de l'écriture, agir en artiste distancié revient à se regarder la plume pour en désamorcer les effets, même quand ces émois valent davantage que d'artificielles parures. L'humilité hyperbolique de l'esthète supérieur, c'est celle qui abîme un peu ce qu'il travaille par souci de ne pas poser pour un magicien pur : il révèle alors ses trucs en rougissant, s'attendrit de ses prestidigitations même superbes, ressemble à ce que Nietzsche dit des hommes qui se citent eux-mêmes et qu'on prend pour vaniteux pour la raison incomprise qu'ils refusent de prétendre à l'improvisation quand ils expriment une vérité sublime qu'ils ont longuement décantée. Tinan, en lecteur consciencieux et intransigeant de lui-même, en parfait philologue de son propre style, en analyste accompli de sa manière intime, se constate et note sans cesse – quoique sans distendre ou délayer son propos autant que je puis ici le faire accroire –, et, refusant de passer pour la bonne et profonde nature qu'il est, joue canaillement à signaler ses faiblesses ainsi que ses efforts. Il devient ainsi une forme extrême de fiabilité qui, consistant à montrer ses procédés et originalités après qu'il les a exposées, trompe aussi le lecteur dans l'appréciation qu'il se constitue du génie, abaissant son art raffiné en plaisanteries curieuses, corrompant le sensible admirable en un ostensible goguenard – ce qu'on pourrait appeler un détournement du jugement par l'éloquence de la grande franchise. Quand écrire une oeuvre, un chef d'oeuvre même, revient généralement à en dissimuler les fiertés puissantes pour en induire l'inspiration fluide et naturelle, quand il faudrait presque toujours masquer ses failles pour en exhausser les forces, l'artiste très haut, lui, détaché et lassé même de ces demi-feintes pourtant bien légitimes après un tel labeur, ne se complaît pas à ses petits secrets justement orgueilleux de fabrication, et c'est avec une verve quasiment extérieure à lui-même qu'il décèle au fur les multiples empreintes de l'écrivain qui s'examine et se déjoue, qui même se désavoue aux regard du lecteur bon-croyant de l'Inspiration, sans cesser d'approfondir son sujet (parce qu'il a bien tout de même autre chose à dire que remarquer son dit) : on ne rencontre pas même ce vérace esprit de distance chez Hugo qu'on trouve chez Diderot. Tinan est un homme capable de voir de quoi il a l'air et qui ne veut pas s'empêcher de signifier qu'il le sait, y compris quand c'est pour dégonfler une joliesse qu'on risque de lui attribuer plus qu'il ne s'en croit le mérite, parce qu'il y a de la facilité voire de la triche dans toute figure de style. « Je sens que je n'aurai pas le courage – c'est fâcheux – de faire tout à fait de la « Littérature » avec cet « amour ». Je me troublerais trop souvent… je voudrais me ressaisir – tout cela sonnerait faux, parmi des jeux d'esprit ou de mauvaises épithètes… et je respecte assez – je crois – cette naïve et profonde émotion de ma jeunesse pour désirer la railler moins que les autres. » (page 1065) : qu'on mesure comme ce passage, de délicatesse infinie, de précaution poignante à ne pas « poser », est la quintessence même, faute de vouloir imposer ne fût-ce qu'un demi-mensonge de style à son destinataire, de ce qu'en linguistique on nomme la « modalisation » ! Voici un auteur qui s'excuse presque de ne pas « faire du beau » à dessein surtout de ne rien « altérer » et ainsi de conserver et de transmettre intacte la mémoire d'un amour, encore qu'en indiquant qu'il n'est pas bien sûr de cette intention, et demandant pardon d'écrire dans une forme qui n'est pas tout à fait « romanesque ». Cette franchise, touchante comme un perpétuel aveu, magnifique comme une promesse intérieure de faire de la vérité le moyen et l'objectif mêmes de toute littérature, si rare ainsi loin des poseurs dont l'altération favorise la notoriété et sert la critique et le succès, si tendrement écartée des opportunismes courants à toute époque par lesquels on fait valoir d'un joli trait ce que pourtant on ne sent pas, sitôt reconnue pour la lumière généreuse et éhontément épanouie qu'elle est, m'amène à cette question la plus évidente et scandalisée :
Pourquoi a-t-il fallu qu'on appelle « décadentisme » le style de véracité morale qui tâcha à lutter avec si peu de hargne contre les mensonges millénaires du monde ? Comment un siècle tant indécent de voyeurs patentés et de racoles notoires – et j'entends bien cependant un siècle cohérent de psychologie turpide et négligente ou, si l'on préfère, de pathologie du confort – a-t-il pu ainsi s'obstiner à disqualifier par de pareilles appellations dédaigneuses les si généreux impudiques qui n'aspiraient, quoique sans intention de l'y forcer, qu'à lui enseigner les libertés que ce siècle de lui-même n'osait pas prendre ? Quelle mauvaise foi a gouverné encore cette relégation par la masse contre l'honnêteté et le don des savoirs, et sur quel motif cette fois ?
(Je sais bien que ce sont deux questions de trop pour une seule question annoncée, mais faut-il s'abstenir d'être entraîné par ce dont on s'indigne et revenir corriger ensuite la formule première ! À ce compte, s'il ne devait jamais y avoir disproportion entre la blanche simplicité de l'intention originelle et l'aboutissement composé du développement des idées, je crois bien que Les Misérables tiendrait en cent pages et chacun de mes articles en moins d'autant de mots ! Quant à l'immodestie de cette comparaison… N'importe, ceci est pour illustrer partiellement ce que signifie l'extrême sincérité de l'auteur qui se gâche volontairement pour ne point cacher l'impertinente progression de ses pensées.)
Ce que nulle société ne consent à comprendre, c'est que le moment où la pensée échappe à ses conventions et à ses traditions est précisément celui non où elle dégénère, mais où elle se régénère, celui où elle acquiert un caractère supplémentaire, adjonctif, complétif qui manquait à son état antérieur, ou bien celui où elle se perfectionne par l'inflexion sensible d'une direction éthique. C'est le mouvement nécessaire à tout ce qui évolue en un perpétuel dépassement : on abandonne tôt ou tard des idées fausses provisoirement tenues pour vraies, et il faut bien que ces idées, pour avoir compté dans les mentalités d'une époque ou d'une société, aient présenté un caractère structurant de la morale individuelle et collective : ce qui tout au contraire est sans importance pour un être n'affecte pas ses raisons de vivre c'est-à-dire sa manière de penser et d'agir, en quoi on mesure une pensée importante, une véritable pensée, une pensée tout court, à la façon dont elle dévie les motivations de l'homme. Toute révolution à côté de laquelle passe son Contemporain sans s'y intéresser plus qu'en lointaine théorie n'est pas une révolution : la préoccupation renouvelée de l'être, l'inquiétude vive de sa remise en cause, le fléchissement de ce qu'on tient pour acquis, est en l'homme la véritable mesure du changement. Aucun progrès ne peut se concevoir sans une atteinte : c'est le propre d'une saine communauté qui ne rechigne pas à se bouleverser c'est-à-dire, simplement à évoluer. Or, ce qu'on appelle ici « décadence » et qui se distingue principalement par le renouvellement ou l'approfondissement de paradigmes spirituels, signale toute tentatives pour se développer hors des carcans notamment religieux ou issus d'une variété de foi inconsidérée : le penseur, poussant alors quelque audace parce qu'en certaines conjonctures il ne se sent rien à perdre, revient sur des erreurs passées, corrige et affine une part du lot inexact voire mensonger des conceptions humaines, retouche rétrospectivement l'avancée du savoir commun, et ce mouvement, qui opère forcément par rétractation de ce qu'on estimait jusqu'alors universellement juste, son Contemporain le prend pour une rétrogradation parce que l'intention de cette altération implique de ne pas s'en remettre à des autorités ou à des proverbes, de ne pas se conformer à un ordre notoirement reconnu et stable. L'idée véritable s'oppose en effet à un certain « progrès » de la société réglée, elle semble ainsi « anarchiste », mais seulement dans tel domaine où ce progrès se faisait contre la vérité ; elle repose bien sur un défaut de confiance, car elle va contre la solidarité unanime et lui propose une alternative ; et elle retire effectivement à la morale le pas que la morale fit en excès dans sa hâte et souvent par homogénéité et autorité ; et ainsi : opposition au progrès, à la solidarité sociale, à la morale, tombe tout logiquement le verdict de « décadence » né de la confusion facile entre les concepts de « relâchement de l'orthodoxie des moeurs » et « réévaluation de leurs paralogismes ». Voilà comment, y compris s'agissant de l'Empire romain, on admet la « décadence » le moment où, correspondant par hasard au lent recul des bornes de cette civilisation, on juge que le tissu moral non s'est étiolé ou affadi, mais, plus strictement a échappé par pans entiers aux rigueurs stupides des usages séculaires répandus et entretenus à Rome : la littérature n'y était pas moins bonne ni même les arts en général, ce dont témoignent bien des spécialistes de cette période, mais certes ils n'obéirent plus aux règles passées, l'esprit romain ne s'y retrouva plus à l'identique avec ses valeurs obsessives et ses « périodes du discours », sans pour autant qu'on pût véritablement les juger moindres en pertinence, en effets ou en style, dérogeant essentiellement en paradigme, ce que nulle société ne pardonne aussi facilement que, par exemple, de passer de l'art figuratif à l'abstrait. En somme, ce qui a changé dans ces oeuvres « décadentes » et qui leur vaut d'avoir été conspuées comme immorales et déjugées avec péjoration, ce ne sont pas tant les contraintes formelles et leur ton dont les subtilités sont sensibles et démontrent évidemment un très puissant travail, que la perception même, le mode de perception du monde et de la société, appréhensible en une refondation de valeurs préexistantes importantes et structurantes, et c'est en quoi elles incommodent et troublent et pourquoi on leur assigne un dénominatif stigmate : elles ne peuvent avoir raison, contradictoires telles qu'elle sont, ou ce serait plus que tacitement reconnaître que la société et les arts antérieurs ont eu tort au moins partiellement. de sorte que ce qu'il y a de vraiment décadent à toute époque où une société a jugé de pourtant méritants efforts des nullités accessoires, c'est la société elle-même, parce qu'alors elle a requis des conformités et étiquettes pour asseoir ses jugements, preuve qu'elle avait déjà cessé de penser par l'intégration du doute inconfortable et galvanisant d'où procède, comme je l'ai expliqué, toute évolution conséquente. Ce n'est ensuite, dans le second temps de la crainte effleurée d'avoir tort, que pour s'estimer et se maintenir elle doit prétendre que ce qui ne dépend plus de sa morale enracinée et relativement arbitraire est immoral : ainsi, ce qu'elle dénigra des artistes audacieux de la fin du XIXe siècle consiste précisément en ce qu'elle refusait de reconnaître au génie pour ne pas s'en sentir privée, et principalement l'originalité et la distinction par quoi la société s'en serait sentie départie et humiliée, attributs qu'on reconnaît certes toujours en un certain iconoclasme (toute invention conceptuelle, pour autant qu'on y regarde de près, se signale, y compris dans les sciences, par le fait de faire partiellement fi des précédentes images). Et voilà comme il se trouve que mis à part de hardis nazis crânes et intempestifs, on n'a jamais, que je sache, appelé « décadent » un art qui se contentait de jeter au hasard des taches sur une toile, ou qui ne faisait que reproduire à la chaîne des portraits de vedettes, ou qui s'abstenait de proposer des motifs, ou qui vendait cher des tentatives d'une heure dont le travail même est évidemment douteux : cette décadence-l
Lien : http://henrywar.canalblog.com
Commenter  J’apprécie          00







{* *}