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Critique de BurjBabil


Emmanuel Todd nous a habitué à penser la société de manière non conventionnelle. Son livre répond à une question simple, jamais posée : pourquoi ne remettons-nous pas en cause l'euro, cette monnaie devenue totem qui nous entraîne inexorablement vers le gouffre ?
Se basant sur un travail de recherche original de cartographie de la France selon certains critères : prééminence de la religion, votes historiques, tradition matri et patrilinéaires, anciennes zones industrielles etc... , il nous livre une remarquable synthèse qui me semble indispensable aujourd'hui pour aider à penser la catastrophe sociétale amorcée et imaginer une manière d'en ressortir sans y perdre notre âme.
Avec Guilluy (la France périphérique), Herlin (l'escroquerie de l'Insee), Piketty (le capital au XXI siècle) et d'autres, il dessine le corpus d'idées à appréhender par le citoyen français soucieux de participer réellement à la vie politique contemporaine (ou au moins comprendre loin du ministère de la TVérité). Sous peine de confondre vote quinquennal et démocratie, volonté de paix en Europe et soumission à l'Allemagne (sacré ironie quand même) et finalement euro et horizon indépassable de notre identité.
Les trois premières parties du livre sont les plus intéressantes car produisant le travail effectué de recoupement de différents chiffres et statistiques disponibles, c'est une synthèse académique qui sert de base d'analyse. Ces extractions de données permettent une corrélation entre certains comportements des acteurs de la société et certains faits historiques (catholicisme par exemple) ou géographiques (lieux d'abandon de nos industries, centres villes). Un des apports de cet ouvrage est de redéfinir une nouvelle typologie active de notre société, enterrant les représentations anciennes et se composant de : .
Aristocratie stato-financière (et dépendants) : 1 %, Petite bourgeoisie CPIS (Cadre Professions Intellectuelles supérieures), 19 %, Majorité atomisée 50 % Prolétariat 30%
Il montre que, à part pour la première catégorie, le déclassement social a touché, touche et touchera toutes les autres catégories. Les français l'ont perçu, malgré l'enfumage permanent de l'Insee aux ordres de l'état, et Todd l'explique fort bien puis relie ceci aux différents votes (non-votes également) et aux crises type gilets jaunes.
Il ausculte ainsi, avec des arguments chiffrés et sourcés, notre système éducatif, l'effet de l'immigration, la trahison de nos classes dirigeantes (il faut cesser d'utiliser le mot élite pour ces gens ayant démontré leur nullité) devenues des marionnettes sans pouvoir réel.
Un lecteur intéressé y trouvera une explication de tous les maux qui rongent notre pays depuis des décennies, la mise en lumière de nos comportements face à notre impuissance.
La dernière partie est plus prospective, selon Todd lui-même qui propose des pistes de sortie de cette voie sans issue. Il s'y prend avec précaution, ne voulant pas gâcher la force du travail initial d'explication de notre situation actuelle.
Car selon ses « pires craintes », nous ne sommes plus à l'abri de l'instauration d'une dictature permettant à « l'état » de maintenir coûte que coûte le fameux « ordre républicain » à coups de flashballs, de surveillance d'internet, de censure, de comparutions immédiates et de criminalisation de la contestation sociale. Confinement intellectuel pour tous. Pour notre bien évidemment, ou plutôt pour nos biens, et finalement pour leurs biens.
L'état se maintenant contre le peuple, discriminé dans le discours sous forme de "populisme".
Comment s'en sortir par le haut ? Je vous laisse lire ce livre (empruntez-le, toute bonne bibli doit l'avoir) pour le découvrir. Cette issue ne m'ayant parue qu'en partie convaincante même si la création d'une force d'opposition réelle, proposant une sortie de cette catastrophe qu'est l'euro pour la France semble indispensable.
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