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Critique de Brissenden


Todd tente de répondre à un paradoxe national : comment l'Euro peut-il être en même temps un échec économique et un succès politique ? La société française est alors examinée sous différents angles depuis le traité de Maastricht jusqu'à la crise des Gilets Jaunes.

Todd voit une France déclinante depuis le traité de Maastricht dans laquelle toutes les classes sociales souffrent d'un déclassement. Les structures familiales et religieuses deviennent homogènes mais la stratification persiste à travers les études supérieures. Selon lui, l'explosion du nombre de diplômés permet un entre-soi sur lequel repose un sentiment d'appartenance de classe.

Les anciens clivages sociaux restent d'actualité dans un contexte où chacun voit son niveau de vie baisser. L'opposition est d'abord électorale : dans tous les départements, on observe une corrélation inverse très forte entre les votes Macron - candidat des citadins et employés du tertiaire - et le Pen - représentante politique des classes populaires de la France périphérique - lors du premier tour des élections de 2017.

Cette dichotomie entre gagnants et perdants de la mondialisation
ne concerne pourtant que 45% de l'électorat (proportion des votes Macron-Le Pen). Entre ces deux pôles se trouve une classe atomisée sur le plan politique et social, dépolitisée, sans conscience d'elle-même, occupant les professions intermédiaires et qui, bien souvent, fait basculer le résultat électoral.

En parallèle du jeu électoral, la société est subordonnée aux 0,1% les plus aisés : la classe stato-financière, fusion des hauts fonctionnaires et des grands dirigeants du privé. Cette strate, dans un contexte de perte de souveraineté induit par la monnaie unique et guidée par un sentiment antinational, a mis le destin de la France entre les mains de Berlin et de Bruxelles, donnant l'occasion à Todd d'écrire la phrase suivante : "en France, il n'y a plus de classe dirigeante, seulement une classe privilégiée".

La généalogie du mépris social à la française est alors dessinée : les élites, étant elles-mêmes humiliées sur la scène européenne, font preuve d'un sadisme social en répercutant cet affront sur les classes qui lui sont inférieures ; la bourgeoisie CSP+ reproduit ce mécanisme contre la classe prolétaire lepéniste ; puis, ces derniers, portant sur leurs épaules tout le poids du mépris, s'en prennent aux immigrés pour se soulager. C'est dans ce contexte qu'apparaît la crise des les Gilets Jaunes.
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